Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, a appelé jeudi les Européens à plus de souplesse dans les négociations sur la libéralisation du commerce mondial et réaffirmé qu'une réunion ministérielle était possible à la fin de juin.
«Il s'agit de chercher un équilibre, mais ce n'est pas tout blanc ou tout noir. Ce n'est pas ''on paie sur l'agriculture et on ne gagne rien sur les biens industriels''. Cette présentation n'est pas correcte», a dit M. Lamy, lors d'une audition devant la commission du commerce du Parlement européen.
Un grand nombre de pays européens ont fait part lundi de leurs inquiétudes sur les nouveaux textes de compromis sur la libéralisation du commerce des biens agricoles et industriels publiées la semaine dernière à l'OMC.
Les Etats-Unis se sont eux aussi dits «inquiets» des dernières propositions, insuffisantes à leurs yeux.
Parmi les pays les plus critiques, la France a notamment estimé qu'avec ces nouvelles propositions, les pays européens perdaient à la fois sur le terrain agricole et le terrain industriel, au lieu d'obtenir un rééquilibrage des concessions faites sur l'agriculture.
«Je ne crois pas que vous soyez à la veille d'un "deal" qui soit défavorable pour l'Union» européenne, a estimé M. Lamy devant les parlementaires.
«Si nous parvenons à un "deal", tout le monde va gagner plus que la somme que chacun paie», a-t-il jugé, ajoutant que «le prix que vous aurez à payer pour ça est un prix modeste.»
Tout en soulignant qu'il «pouvait comprendre» l'attitude des Européens, qui «est tactique», et «les inquiétudes» de pays agricoles comme l'Irlande, M. Lamy a invité les Européens à ne pas regarder la situation «seulement sous l'aspect tactique – qu'est-ce que je perds, qu'est ce que je gagne».
«Je n'entends jamais parler des réductions de droits (de douane) agricoles dont l'Union va bénéficier dans le monde entier», a-t-il notamment dit.
Concernant les produits industriels, M. Lamy a insisté sur le fait que les pays en développement allaient «procéder à des baisses de tarifs», ajoutant que «c'est la première fois en 60 ans que les pays en développement accepteraient de baisser substantiellement leurs tarifs».
«Je pense que c'est faisable (d'avoir un accord) sur les trois éléments que sont les subventions agricoles, les tarifs douaniers agricoles et les tarifs douaniers», a-t-il dit. «Le moment venu (...) probablement avant la fin de juin, il faudra stabiliser ce qui reste à stabiliser», en réunissant les ministres concernés, a-t-il poursuivi. L'organisation de cette réunion en juin aurait pour objectif de finaliser les détails complexes de l'accord avant la fin de l'année et l'arrivée d'un nouveau président américain à la Maison-Blanche, susceptible de tout remettre en cause.