Le directeur de l'OMC, Pascal Lamy, n'est pas parvenu à régler les différends entre les pays membres sur les négociations commerciales, l'obligeant à renoncer à une réunion ministérielle d'ici à Noël pour trouver une issue au cycle de Doha, ont indiqué vendredi les diplomates.
«Il n'y a pas de bonnes bases pour faire venir les ministres (à Genève), la semaine prochaine», a expliqué l'ambassadeur des Etats-Unis auprès de l'OMC, Peter Allgeier à l'issue d'une réunion informelle organisée par M. Lamy avec une trentaine de responsables des pays membres.
«Nous sommes très déçus, mais nous sommes également tombés d'accord que c'est la conclusion qui s'impose en raison des désaccords qui persistent sur certains points cruciaux», a-t-il ajouté.
L'ambassadeur de la Chine auprès de l'OMC, Sun Zhenyu, a expliqué que M. Lamy «(préférait) ne pas avoir de réunion ministérielle».
D'autres ambassadeurs ont assuré que Pascal Lamy se donnait encore 48 heures pour un «miracle». «Il a dit que si rien d'extraordinaire ne se passait dans les prochaines 48 heures, son sentiment était qu'il ne serait pas sage (...) d'appeler les ministres à Genève», a expliqué l'ambassadeur du Brésil auprès de l'OMC, Roberto Azevedo.
Une information confirmée par un autre diplomate sous couvert de l'anonymat qui toutefois ne croit pas à «un miracle même à l'approche de Noël».
Depuis l'appel, à la mi-novembre, des vingt premières puissances économiques mondiales à conclure le cycle au plus vite, le directeur de l'OMC mène des discussions tous azimuts sur les deux principaux dossiers, l'agriculture et les produits industriels.
Deux textes devant servir de fondement aux négociations des ministres ont été rédigés. Mais lundi dernier, M. Lamy a reconnu que des désaccords importants demeuraient, renonçant par la même occasion à organiser dès cette semaine une réunion ministérielle comme il le souhaitait initialement.
Trois points de friction sont en ligne de mire: le mécanisme de sauvegarde spécial (destiné à protéger les agriculteurs des pays du Sud) et le coton pour l'agriculture, ainsi que l'initiative sectorielle. Cette dernière, prévoyant une élimination à terme des droits de douane pour 14 produits industriels, est apparemment devenue centrale.
Alors que son application doit se faire sur une base volontaire, Washington a réclamé dernièrement un engagement ferme de certains pays émergents, tels que la Chine, l'Inde et le Brésil, provoquant leur colère et le blocage du dossier, selon les diplomates.
Avant même l'annonce officielle de M. Lamy, le chef de la diplomatie brésilienne Celso Amorim a accusé les Etats-Unis de «cupidité», car, selon lui, ils sont trop exigeants.
L'ambassadeur américain lui a renvoyé la balle, estimant que les pays émergents n'avaient pas fait le moindre effort.
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