Le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier, affirme qu'il faut «rester prudent» sur les chances d'aboutir à un accord sur la libéralisation du commerce au sein de l'OMC, dans une interview publiée par La Tribune lundi 1er octobre. «L'Union européenne n'a plus de concession à faire; elle en a fait beaucoup. Si l'on a une réforme d'avance cela signifie que les Américains en ont une de retard. Je ne pense pas que la nouvelle loi agricole aux Etats-Unis puisse la combler», ajoute-t-il.
«Je ne sens pas la réciprocité que nous attendons non seulement de la part des Américains mais aussi des grands pays émergents», affirme le ministre.
Evoquant le principe de préférence communautaire défendu par le président de la République, Michel Barnier explique que «cette nouvelle préférence européenne ne doit pas se concevoir comme le protectionnisme d'autrefois avec ses outils douaniers et tarifaires mais comme une volonté clairement exprimée d'appliquer aux produits entrants dans l'Union le même niveau d'exigence sanitaire environnementale voire sociale que nous demandons pour nos propres produits».
Il ajoute que «compte tenu de nos propres exigences qui prennent aussi en compte l'entretien des territoires, il est logique que cette préférence européenne se traduise par un soutien au travail des agriculteurs».
«La Commission voudrait accentuer le cofinancement conditionné au respect des règles agroenvironnementales, celui du développement rural», affirme-t-il. «Mais, si l'objectif est de renationaliser et de tout cofinancer, c'est non, car cela signifierait qu'on détricote la première politique économique européenne au moment même où il faudrait la réformer, la consolider», poursuit l'ex-commissaire européen.
Le ministre de l'Agriculture voudrait que la Pac intègre «des mécanismes de stabilisation, de gestion de crise. C'est ce qu'à voulu exprimer le président de la République en évoquant des stocks de précaution et des systèmes d'assurance».
Au sujets des enjeux environnementaux Michel Barnier souligne qu'il a «mis sur la table quatre propositions» : «d'abord le plan de développement de l'agriculture bio, ensuite la certification des exploitations pour que le consommateur puisse reconnaître les bonnes pratiques environnementales et sanitaires (...). Nous proposons également de défendre la biodiversité (...). Enfin - et j'y tiens beaucoup - , nous souhaitons instituer un bilan énergétique pour chaque exploitation».