Les négociateurs des quatre grands acteurs de l'OMC (''G4'' : Brésil, Etats-Unis, Inde, UE) se sont retrouvés mardi matin à Potsdam (Allemagne) dans l'espoir d'ouvrir la voie à un accord sur la libéralisation du commerce mondial.
Le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson, la commissaire à l'Agriculture Mariann Fischer Boel, la représentante américaine pour le Commerce Susan Schwab, le ministre indien du Commerce Kamal Nath et le ministre brésilien des Affaires étrangères, Celso Amorim, se sont réunis dans le cadre discret du château de Cecilienhof, niché au fond d'un parc de cette ville de l'ex-RDA, à l'abri des caméras et des micros.
Cette réunion confidentielle pourrait se poursuivre jusqu'à samedi ou dimanche.
Rien ne garantit la réussite de la rencontre. Les subventions agricoles qui entraînent des distorsions commerciales constituent toujours un des points d'achoppement. Les Etats-Unis sont plus particulièrement dans le collimateur des pays en développement à ce sujet.
Les pays émergents, l'Inde et le Brésil notamment, souhaitent quant à eux pouvoir conserver des droits de douane protecteurs sur les produits industriels et des clauses de sauvegarde pour défendre leurs industries naissantes.
Un accord de principe au sein du G4 pourrait ensuite être étendu à l'ensemble des 150 pays membres de l'OMC.
Un accord sur les grandes lignes de la négociation est en effet indispensable rapidement si les 150 pays membres veulent tenir leur engagement de boucler les travaux à la fin de 2007.
Le directeur général de l'OMC, Pascal Lamy, qui n'est pas à Potsdam, avait indiqué mercredi dernier qu'un accord entre les quatre serait bénéfique, sans être déterminant. «Le G4 ne dispose pas d'une clé d'entrée spéciale» dans les négociations, a-t-il ajouté, reconnaissant toutefois que «c'est un bon groupe, représentatif des négociations».
Qualifiant la rencontre du G4 en Allemagne de «dernière chance sérieuse» de faire aboutir les négociations de Doha, le commissaire européen, Peter Mandelson, voit trois issues possibles.
Il ressort des propos du commissaire résumés par un diplomate que soit il y aura un accord dans lequel «chaque partie négocie à la limite de sa flexibilité»; soit il y aura «quelques progrès», mais pas de percée, autorisant néanmoins d'autres réunions du G4 en juillet; soit il n'y aura pas d'accord, ce qui permettait à Pascal Lamy de «reprendre l'initiative» et «mettrait l'UE sous pression de faire davantage de concessions dans le domaine agricole». Il a espéré que l'un des deux premiers scenarios se concrétiserait.
Le ministre allemand de l'Economie, Michael Glos, a affirmé à Berlin que «ceux qui bloquent ne se trouvent pas en Europe». Il est légitime que l'UE engage des négociations sur les accords commerciaux bilatéraux avec des pays comme l'Inde ou la Corée du Sud, pour prévenir les effets d'un éventuel échec du cycle de Doha, a-t-il dit.