Au ban des 250.000 notes diplomatiques relâchées au compte-gouttes par le site internet Wikileaks, certaines abordent la politique américaine en matière d'organismes génétiquement modifiés en Europe.
Ainsi le câble diplomatique du 14 décembre 2007, rédigé par l'ambassadeur américain à Paris en poste à l'époque, Craig Stapleton, suggère à Washington de « renforcer (sa) position de négociation avec l'UE sur les biotechnologies agricoles (les OGM, NDLR) en publiant une liste de représailles » à utiliser contre l'Union européenne, et la France en particulier, si les négociations avec Bruxelles venaient à échouer.
Le diplomate américain soulignait à son autorité de tutelle à Washington, dans ce câble révélé par Wikileaks, que l'Europe était en train de faire machine arrière sur la politique des OGM, la France et son Grenelle de l'environnement jouant « un rôle de premier plan, avec l'Autriche, l'Italie et même la Commission » européenne.
Pour les Américains, c'était la menace d'un outil de pression supplémentaire pour les anti-OGM, qui venait s'ajouter au « principe de précaution », permettant de retarder ou interdire la culture d'un OGM dans un Etat membre. Quelques semaines après, en janvier 2008, la France activait la clause de sauvegarde contre le maïs Bt Mon 810 de Monsanto devant la Commission européenne, au nom de ce principe de précaution. Au début de février, la culture du Mon 810 devenait illégale dans l'Hexagone.
Des représailles contre l'Europe et la France en particulier
Selon l'ambassadeur Stapleton, ce risque justifiait la mise en place d'une liste de représailles commerciales envers la France en cas de résistance prolongée de son gouvernement à l'autorisation de culture des plantes transgéniques sur son sol. Pour lui, cette stratégie américaine, avec un « coût réel pour les intérêts européens » peut « aider à renforcer les voix pro-biotechnologie en Europe ».
« En effet, les partisans des OGM en France – y compris au sein du syndicat agricole (sic) – nous ont dit que les représailles sont la seule façon » d'envisager un retournement de la position française, assure l'ambassadeur de l'époque.
D'après la missive, cette liste devait être suffisamment « douloureuse » pour toute l'Europe, en termes de « responsabilité collective », avec une attention particulière pour les Etats membres les plus récalcitrants, comme la France.
Cette liste devrait être « mesurée plutôt que vicieuse et durable à long terme », indiquait l'ambassadeur américain, présageant d'un combat long et difficile sur la question.
Madrid et Monsanto
Dans un deuxième câble envoyé de l'ambassade américaine à Madrid, datant de mai 2009, et révélé par Wikileaks, on apprend que « des sources industrielles » (Monsanto est nommée un peu plus loin) dénoncent la peur montante autour de la question des OGM parmi l'opinion des Etats membres, orchestrée par une coalition qui cherche à en faire bannir leur culture.
Les représentants de Monsanto auraient même rapporté, selon le télégramme publié par Wikileaks, que l’adoption par la France de la clause de sauvegarde contre la culture du Mon 810, serait le fruit d’un marchandage entre les écologistes et Nicolas Sarkozy, afin que les premiers ferment les yeux sur la politique nucléaire du président français.
Dans cette note également, l'ambassade madrilène relaie l'appel d'un ministre espagnol et de Monsanto à un soutien américain sur la politique en matière de biotechnologies en Espagne (qui représente à elle seule 75 % du Mon 810 cultivé en Europe) et pour que Washington fasse pression sur la Commission.
Sources (en anglais) :
• Pour l'Ambassade américaine à Paris : http://www.wikileaks.ch/cable/2007/12/07PARIS4723.html
• Pour l'Ambassade américaine à Madrid : http://www.wikileaks.ch/cable/2009/05/09MADRID482.html
jeudi 30 décembre 2010 - 21h49
Apparament, ça n'a pas réussi. Mais qu'ils maintiennent leur pression pour peut-être aboutir un jour à la mise en culture des cultures OGM! Thanks to the US!