Plus de cinquante agriculteurs du Midi-Pyrénées sont venus soutenir vendredi leur collègue Jacques Beauville, à Saubens (Haute-Garonne), obligé de détruire une parcelle de 11 ha de maïs OGM Mon810, semée le 10 mars dernier, quatre jours avant la parution de l'arrêté ministériel en interdisant la culture.
« Nous sommes solidaires de notre collègue qui a semé son champ en toute légalité, sous constat d'huissier et avec déclaration à la préfecture et au ministère, confie Luc Mesbah, président de la FDSEA de la Haute-Garonne. Aujourd'hui, il préfère arracher son maïs, plutôt que de subir des pressions de toute part. »
C'est sous les yeux de deux gendarmes que trois agriculteurs voisins, venus avec tracteurs, chisel, déchaumeur et herse-étrille, ont ainsi entrepris d'arracher le maïs OGM.
« Ce n'est pas facile à ce stade de croissance, reconnait Jacques Beauville. Sous escorte policière, pour être sûr que tout sera détruit, j'ai passé du désherbant mercredi matin à 7h00, avant que le vent se lève, même si l'Administration nous avait demandé de ne pas faire de destruction chimique. La Draaf m'a aussi averti qu'elle viendrait inspecter tous mes champs pour voir s'il n'y a pas d'autres OGM. Je cultive 196 ha, dont 100 ha de maïs. Si la culture d'OGM était autorisée, j'aurais 80 ha de maïs OGM. C'est ce que j'avais en 2007, ça a été ma meilleure année de production. »
Une fois, les 11 ha détruits, Jacques Beauville a immédiatement ressemé du maïs conventionnel. Une opération qui lui aura coûté 3.000 € supplémentaires en semences et 5.000 à 6.000 € (2 à 3 t/ha) en pertes de rendements, liées à la date tardive du semis.
« J'espère que les recours en référé-suspension que nous avons déposés avec l'AGPM devant le Conseil d'Etat aboutiront positivement et prouveront que j'étais dans mon droit en semant ce maïs. Si c'est le cas, je demanderai à être remboursés pour les semis et pour les dommages, y compris psychologiques. »
« Derrière le rassemblement d'aujourd'hui et notre solidarité, c'est notre ras-le-bol que nous entendons manifester, complète Christophe Terrain, le président de l'AGPM (Association générale des producteurs de maïs). Nous avons foi en l'avenir et voulons construire une agriculture moderne, mais pour cela il faut que les pouvoirs publics opèrent un virage et nous entendent. La colère monte dans les campagnes. »
Cette journée d'action s'est déroulée au lendemain de la destruction de trois parcelles de maïs OGM dans le Tarn-et-Garonne et le Gers, à la demande du préfet du Tarn-et-Garonne, une opération qui a beaucoup affecté les agriculteurs de la région.
Samedi, les FDSEA appellent leurs adhérents à aller défendre des parcelles d'essais de colza et de tournesol non OGM, qui seraient menacées par des « faucheurs volontaires ». L'action serait prévue en Haute-Garonne.
Titre
mardi 10 juin 2014 - 09h07
Incroyable. c'est la terreur!