A la demande de la DGCCRF (1), l'Anses (2) vient de réévaluer les travaux du professeur Gilles-Eric Séralini relatifs à la toxicité à long terme de l'herbicide Roundup et du maïs génétiquement modifié NK603 résistant au Roundup, travaux qui avaient défrayé la chronique en 2012.
Un rappel des faits : en septembre 2012, l'équipe du professeur Séralini avait publié un article intitulé « Long term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize » dans la revue scientifique Food and Chemical Toxicology. Cet article faisait notamment état d'une augmentation de la mortalité et du taux de tumeurs chez des rats nourris pendant deux ans avec le maïs génétiquement modifié NK603.
Dans son avis du 19 octobre 2012, l'Anses indiquait que « les conclusions avancées par les auteurs de cet article étaient insuffisamment soutenues par les données publiées ». L'agence relevait néanmoins que la question de l'évaluation des effets à long terme des OGM n'était pas assez documentée.
En novembre 2013, l'éditeur Elsevier a retiré cette publication de la revue Food and Chemical Toxicology. Le 24 juin 2014, l'équipe du professeur Séralini a republié l'étude dans la revue scientifique Environmental Sciences Europe, sous le titre « Republished study : long-term toxicity of a Roundup herbicide and a Roundup-tolerant genetically modified maize ».
« Pas de résultats supplémentaires »
Selon l'Anses, « la publication a été réécrite mais ne comporte pas de résultats de recherche supplémentaires ». En revanche, certaines données brutes relatives à l'étude sont accessibles sur le site internet de la revue. Dans ce contexte, la DGCCRF a sollicité l'avis de l'Anses afin de préciser si ces nouveaux éléments sont de nature à remettre en cause l'avis initial de l'Agence du 19 octobre 2012. La réponse – résumée dans une note de l'Anses mise en ligne le 18 décembre 2014 – est négative.
« Les résultats présentés dans la publication de Séralini et al. (2014) étant identiques à ceux de la publication de 2012, certaines réserves exprimées dans l'avis de l'Anses du 19 octobre 2012, liées au dispositif expérimental, ne sont pas levées, notamment en ce qui concerne le nombre de rats par groupe (10), la souche de rat utilisée (Sprague Dawley) et le fait qu'il n'y ait qu'un lot de témoins pour chaque sexe et qu'il soit de taille réduite. »
« Par ailleurs, dans son avis du 19 octobre 2012, l'Anses présentait les résultats d'analyses statistiques réalisées par ses soins avec les données brutes disponibles à l'époque. Elle concluait que les résultats statistiquement significatifs obtenus avant correction [...] ne présentaient pas de cohérence biologique dans leur globalité et qu'il serait nécessaire de disposer des données biologiques sur les résultats pour avancer dans l'analyse. Cette réserve est maintenue, car Séralini et al. (2014) n'ont pas accédé à la demande de mise à disposition de l'ensemble des données brutes de l'étude formulée par l'Anses (audition du 10 octobre 2012 et avis du 19 octobre 2012). »
L'Anses n'est pas non plus convaincue par les nouveaux traitements statistiques des données proposés dans la publication de 2014 et conclut finalement que « la publication de Séralini et al. (2014) ne remet pas en cause les conclusions de l'avis initial du 19 octobre 2012 (saisine 2012-SA-0227) sur la publication de Séralini et al. (2012). »
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(1) DGCCRF : Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes.
(2) Anses : Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail.