Après la publication, mercredi, de l'étude menée par l'équipe de Gilles-Eric Séralini sur la toxicité du maïs OGM NK 603 testé pendant deux ans sur des rats, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a réagi. Il a annoncé jeudi que si le danger de certains OGM était vérifié, la France « défendrait au niveau européen » leur interdiction.
De plus, le professeur Séralini sera auditionné, « au plus vite » selon un communiqué, par les commissions du développement durable, des affaires économiques et des affaires sociales de l'Assemblée nationale.
Mais alors que la Commission européenne avait saisi l'Efsa, l'agence européenne compétente au niveau européen en matière de sécurité des aliments, le professeur Séralini a dénié jeudi toute autorité à l'Efsa pour mener une contre-expertise sur ses recherches. « Il n'est pas question que ceux qui ont autorisé le NK 603 réalisent la contre-expertise de nos données, car il y aurait un conflit d'intérêt avec leur autorité et leur carrière», a-t-il déclaré au cours d'une conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles avec l'eurodéputé française Corinne Lepage. Sauf que pour que l'Efsa rende un avis rapidement, Gilles-Eric Séralini doit lui communiquer « les données brutes de son étude », a-t-on souligné de source européenne.
Corinne Lepage et le chercheur, tous deux membres du CRII-GEN, le Comité d'information indépendante sur le génie génétique, ont dénoncé les conflits d'intérêts au sein de l'agence. Plusieurs membres du conseil d'administration de l'Efsa et plusieurs scientifiques ont en effet des liens étroits avec l'industrie agroalimentaire mais l'Efsa peut faire appel à des experts toxicologues qui ne sont pas membres du panel OGM pour crédibiliser cette contre-expertise.
D'après le professeur, les tests sur animaux en ce qui concerne les OGM n'ont été conduits que sur trois mois alors que la règle en matière de toxicité chronique est de conduire les études sur une durée de deux ans. Il exige donc que les tests soient portés à deux ans pour tous les OGM soumis à autorisation.
Le Haut-Conseil des biotechnologies (HCB), saisi par le gouvernement pour se prononcer, s'est engagé jeudi à livrer une « analyse approfondie ». « Nous prendrons le temps nécessaire pour produire une analyse consistante sans impératif de calendrier », a déclaré Jean-Christophe Pagès, qui préside le comité scientifique du HCB et se défie de « l'hypermédiatisation » de ces travaux.
De son côté, l'Académie d'agriculture de France « considère que la reproduction de ces résultats est indispensable avant d'en tirer des conclusions. Son groupe de travail sur les plantes génétiquement modifiées suivra avec attention les nouvelles expérimentations qui devront être conduites pour valider ou non ces résultats ».
Le Réseau environnement santé, Greenpeace et FNE appellent à la réforme du système de sécurité sanitaire.
Concernant les syndicats agricoles, la Coordination rurale rappelle que « le danger ne vient pas de l'agriculture française, mais des importations ! », car la culture d'OGM reste interdite en France. La Confédération paysanne demande également aux autorités sanitaires « de prendre position pour assurer la sécurité alimentaire des consommateurs sur la base d'une expertise réellement indépendante ».
Du côté des semenciers, il est trop tôt pour émettre un avis sérieux. Initiatives Biotechnologies végétales (IBV) rappelle tout de même que « de très nombreuses études sur les effets à long terme des OGM sur la santé des animaux ont déjà été menées et ont montré que les aliments OGM étaient aussi sûrs que les aliments non OGM ».
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- OGM : les résultats d'une étude relancent le débat (19 septembre 2012)
raticide???
vendredi 21 septembre 2012 - 14h52
super ;un nouveau raticide et pas cher... ne pas s'affoler et attendre que l'etude complementaire soit faite avant d'en tirer des conclusions attives .c'est l'ogm ou les résiduts de pesticide qui sont "toxique"