La présidence portugaise de l'UE a présenté lundi une proposition de compromis sur le projet de réforme de l'organisation commune de marché du vin (OCM vin) dans l'espoir de le faire accepter par les Etats membres.
La Commission européenne espère un accord politique des Vingt-Sept sur la réforme de l'OCM, à l'occasion du Conseil des ministres de l'Agriculture réuni à partir de ce lundi, jusqu'à mercredi.
Le Portugal propose de continuer à autoriser l'enrichissiment du vin par le sucre, que la Commission européenne voulait interdire dans son projet initial car elle y voit une pratique encourageant la surproduction dont souffre la viticulture européenne.
La chaptalisation est surtout répandue dans le nord de l'Europe où elle sert à compenser le manque d'ensoleillement pour augmenter le taux d'alcool du vin.
En contrepartie, la présidence de l'UE veut réduire les taux d'enrichissement autorisés, pour les faire passer en Allemagne par exemple de 3,5% actuellement à 3% en 2008-2009, puis à 2,5% à partir de 2009-2010.
Autre sujet de discorde: les droits de plantation de vignes, strictement réglementés aujourd'hui et que Bruxelles veut libéraliser à partir de 2014. Dans la dernière offre de compromis, il est prévu de maintenir les restrictions «dans certaines régions» jusqu'à la fin de 2015.
La présidence portugaise est aussi prête à maintenir de manière temporaire la distillation de crise (qui permet de transformer des stocks de vins invendus en alcool, à destination de l'industrie ou des biocarburants par exemple), alors que là encore la Commission veut l'interdire pour lutter contre la surproduction.
Ce maintien serait toutefois limité à trois années, jusqu'en 2010-2011, et devrait être financé par les Etats membres, sur des enveloppes qui doivent à l'avenir leur être allouées.
L'objectif d'arrachage des vignes dans l'UE est lui aussi revu à la baisse. La présidence suggère de le ramener à 175.000 hectares en trois ans, contre 200.000 hectares envisagés jusqu'ici (à l'origine, la Commission parlait même de 400.000 hectares).
«Nous allons faire tous les efforts possibles pour arriver à un accord mais pas à n'importe quel prix», a déclaré le ministre portugais de l'Agriculture, Jaime Silva, avant la réunion à Bruxelles avec ses homologues européens.
Michel Barnier a quant à lui jugé «un compromis possible» mais affirmé ne «pas pouvoir donner son accord sur plusieurs points tant que la Commission n'écoute pas davantage les Etats membres».
Paris demande encore des améliorations sur la distillation de crise, les droits de plantation, la chaptalisation et l'étiquetage des vins, que Bruxelles veut simplifier sur le modèle des méthodes de marketing des producteurs du Nouveau Monde.
L'Allemagne, dont les vignerons ont massivement recours à l'adjonction de sucre, reste inflexible sur ce point. «Nous ne pouvons sacrifier nos vignerons sur l'autel européen», a-t-elle dit.