Un système de logos apposés sur les aliments industriels avec différentes couleurs en fonction de leur qualité nutritionnelle pourrait orienter à l'avenir les consommateurs dans leur choix, notamment pour lutter contre l'obésité, a indiqué le 19 juin la ministre de la Santé, Marisol Touraine.
« Je suis en faveur d'un logo permettant de rendre compréhensible une information nécessaire sur la qualité nutritionnelle des produits alimentaires industriels », a déclaré Mme Touraine lors de la présentation des grandes lignes de la future « loi de santé » attendue au début de 2015.
La ministre souhaite un système uniforme qui pourrait prendre la forme d'un code avec des couleurs différentes pour permettre aux consommateurs de se repérer entre les différents produits de l'industrie agroalimentaire et mieux évaluer leurs qualités nutritionnelles. Il s'agit de rendre compréhensible l'information sur la qualité nutritionnelle figurant sur les paquets de produits car, aujourd'hui, celle-ci n'est pas uniformisée, manque de clarté et elle est le plus souvent écrite en tout petit sur l'emballage.
Il existe déjà à l'étranger des systèmes utilisant des couleurs, avec par exemple un système de feux tricolores au Royaume-Uni ou un code de couleur avec cinq nuances différentes.
Une « pétition citoyenne », lancée à la mi-mai par des sociétés savantes médicales, des associations de consommateurs et des patients, propose un système de logos simples sur les emballages afin d'éviter de manger « trop gras, trop salé, trop sucré ». Elle suggère un étiquetage décliné en cinq classes avec des couleurs (du vert au rouge) et des lettres allant de A à E, le A vert étant la meilleure note et le E rouge la moins bonne. Mais une telle mesure se heurterait à la résistance de lobbies de l'industrie agroalimentaire.
L'Ania « fermement opposée à tout dispositif simpliste »
Mme Touraine a assuré le 19 juin que l'industrie n'était pas contre un tel système. « De nombreuses marques m'ont fait part de leur intérêt pour une telle démarche. Il nous faut faire aboutir la réflexion sur ce qui serait le bon outil, le bon logo », a-t-elle indiqué.
Les industriels de l'agroalimentaire, réunis au sein de l'Ania, ont réagi en reconnaissant « qu'il est nécessaire de mieux informer le consommateur sur son alimentation » mais en réitérant leur « ferme opposition à la mise en place de tout dispositif simpliste et partiel visant à discriminer les produits par une couleur ou une note ». L'Ania « souhaite poursuivre son engagement aux côtés des pouvoirs publics, en plaçant l'intérêt et le libre arbitre du consommateur au cœur de la réflexion », a encore insisté l'association professionnelle.
La ministre s'est parallèlement déclarée jeudi favorable à la mise en place d'un « parcours éducatif de santé » pour permettre « à tous les enfants, de la maternelle au lycée, d'acquérir des connaissances en santé et d'adopter des bons réflexes ».
Mme Touraine a souligné qu'en classe de CM2, les enfants d'ouvriers étaient dix fois plus touchés par l'obésité que les enfants de cadres. Il s'agit là des futures victimes de la « diabésité », terme qui désigne l'épidémie silencieuse d'obésité qui débouche souvent sur le diabète.