Le gouvernement a condamné fermement samedi les incendies de bâtiments publics à Morlaix (Finistère) provoqués par des légumiers en colère, le Premier ministre promettant des poursuites judiciaires alors que la FNSEA a averti que « la tension monte dans les campagnes ».
Manuel Valls a condamné « énergiquement » les « saccages et destructions par incendie » des bâtiments récents du centre des impôts et de la Mutualité sociale agricole (MSA) de Morlaix par des producteurs de légumes qui protestaient contre les contraintes fiscales et administratives.
« Il est particulièrement choquant que les sapeurs-pompiers aient été empêchés d'accomplir leur mission. Des poursuites judiciaires seront engagées contre les auteurs de ces actes », a indiqué le Premier ministre. « Rien ne justifie le recours à des méthodes violentes, qui ne résolvent rien et qui pèsent en premier lieu sur les contribuables et les assurés sociaux », a-t-il poursuivi.
Selon un habitant de Morlaix, témoin de l'incendie du centre des impôts, les agriculteurs « ont essayé d'empêcher avec leurs tracteurs le camion de pompiers d'arriver et quand, enfin, il a pu accéder au bâtiment, ils ont déversé des artichauts pour retarder les hommes ». « C'était un ballet de tracteurs qui n'était pas dans l'instantanéité, c'était bien organisé », a-t-il dit.
« Il n'y a eu aucune porte close » du gouvernement, a souligné le préfet du Finistère, Jean-Luc Videlaine, en condamnant « sans nuances » des actes « d'une très extrême violence ». Il a précisé qu'un rendez-vous mercredi entre le ministre de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, et le président de la Sica de Saint-Pol-de-Léon (Finistère), premier groupement français de légumiers, pris depuis 10-15 jours, était maintenu.
Le parquet de Brest a ouvert samedi une enquête en flagrance pour « dégradations de biens d'utilité publique » et sur les entraves qui ont pu être faites à l'intervention des secours. Aucune interpellation n'a été effectuée.
La FDSEA « tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu'ils ont fait »
Les dégâts occasionnés par les légumiers sont importants : du bâtiment « complètement inutilisable » de la MSA, « il ne reste que les murs », a affirmé le préfet. Quant à la partie avant du centre des finances publiques, elle est totalement consumée, a constaté l'AFP alors que la maire de Morlaix, Agnès Le Brun (UMP), a élargi le périmètre de sécurité par crainte d'un effondrement de cette partie.
Le viaduc de la RN12 enjambant la ville, où les manifestants ont brûlé des palettes et des pneus, devrait rester fermé le temps de vérifier que la structure n'a pas souffert du brasier.
Le coup de sang des légumiers traduit une « exaspération » face aux réglementations, analyse de son côté la FNSEA, qui a averti le gouvernement que la « tension montait dans les campagnes ».
« C'est une action d'une violence certaine qui traduit malheureusement une exaspération, une détresse très forte dans le monde agricole aujourd'hui », a déclaré le président de la FNSEA, Xavier Beulin, appelant « au dialogue et à l'apaisement » et demandant au gouvernement de « mettre en œuvre » la levée de certaines contraintes.
« Je tire un coup de chapeau à ceux qui ont osé faire ce qu'ils ont fait », a lancé le président de la FDSEA du Finistère, Thierry Merret, des propos jugés « inadmissibles » par le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve.
« Ceux qui encouragent ou légitiment les violences par ce genre de déclarations font preuve d'une irresponsabilité totale », a estimé le ministre.
Pour le responsable agricole, « il faut relativiser » ces actes, « Il n'y a pas eu mort d'homme, c'est une forme de témoignage pour dire : "écoutez-nous" ». « C'est le ras-le-bol des besogneux qui sont seulement bons pour avoir des contrôles », a estimé M. Merret, l'un des leaders des Bonnets rouges qui avaient mené la fronde en Bretagne contre l'écotaxe.
« Je dénonce fermement ces actes inadmissibles, ne pas le faire c'est cautionner », a pour sa part indiqué le président du conseil régional de la Bretagne, Pierrick Massiot.
Pour Gilles Moal, producteur d'artichauts à Saint-Pol-de-Léon, les dégradations révèlent « l'impression de ne plus avoir droit à un avenir », il évoque une « succession de gros soucis avec des trésoreries qui sont complètement à sec dans les exploitations ».
En novembre 2004, les centres des impôts de Morlaix (Finistère), de Lannion (Côtes-d'Armor) et Saint-Malo (Ille-et-Vilaine) avaient déjà été saccagés par des légumiers bretons protestant contre leurs invendus.
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mardi 23 septembre 2014 - 09h45
Le pays est au bord de la jacquerie et au lieu de ça M. Le Foll continue à charger la barque de contraintes environnementales qui vont nous ruiner. Au lieu de s'occuper de ses marottes il ferait bien de voir que la situation est explosive! Quand aux amendes de l'Europe qui servent de prétexte, il n'y a qu'à dire qu'on ne les paiera pas. La survie du secteur agricole est stratégique et primordiale pour le pays et passe avant les débilités des technocrates, grassement payés, de Bruxelles.