« Les temps d'euphorie sont derrière nous », annonce d'emblée Philippe Chalmin, coordinateur de la 29e édition du rapport Cyclope, lors de la conférence de presse tenue à Paris le 20 mai 2015. A l'image de l'année 2014, 2015 dessine une baisse dans les prix des matières premières agricoles.
La chute du prix du pétrole reste l'élément le plus marquant de l'année 2014. De 110 $ le baril, il est passé à 50 $ pour atteindre aujourd'hui 64 $. D'après le rapport, les prix du blé ont reculé de 10 % en moyenne sur 2014 par rapport à 2013 et ceux du maïs de 30 % tandis que le soja perdait 12 %.
En 2015, le marché pourrait en effet être très largement approvisionné. Car même si la production de maïs et de blé est annoncée en baisse (rapport USDA du 12 mai 2015), les stocks sont élevés du fait de récoltes exceptionnelles en 2014.
D'autre part, du côté de la demande, la baisse sur le pétrole affaiblit les capacités d'achat des pays dépendants des revenus de l'or noir, tels l'Iran, l'Algérie ou encore l'Egypte. L'Iran pourrait n'acheter que 1,7 Mt de céréales pour la nouvelle campagne, contre 5 Mt de blé la campagne précédente.
La Chine, principal consommateur de viande
Quant aux Chinois, ils vont maintenir leur politique de l'autosuffisance sur le blé et le riz mais maintenir les importations d'orges, de sorgho, maïs et soja. Il semble qu'ils pourraient battre un record d'importations de soja de l'ordre de 77 Mt. En effet, « ils s'imposent comme le principal consommateur mondial de viande », a précisé Jean-Paul Simier, directeur des filières alimentaires Bretagne Développement Innovation à Rennes. Et ils continuent de déployer leurs tentacules. Après avoir mené une politique de constitution des stocks pour assurer leur approvisionnement alimentaire, ils semblent vouloir investir dans la maîtrise des circuits commerciaux. Ainsi, ils ont fait l'acquisition de la société de trading néerlandaise de céréales et d'oléagineux Nidera ainsi que de 51 % de Noble Agro pour 1,5 milliard de dollars.
Le climat reste la majeure inconnue. El Niño aurait, comme l'année dernière, 70 % de probabilité d'occurrence. « Et tant que la moissonneuse-batteuse n'est pas passée dans les champs, on ne peut rien affirmer », met en garde François Luguenot, responsable de l'analyse des marchés chez InVivo et collaborateur à la rédaction de Cyclope. Quant à l'impact des conflits et de la géopolitique, l'année agitée de 2014 a montré que la devise reste malheureusement la même quel que soit le contexte : « business as usual ».