A quelques jours de la clôture de campagne laitière 2008-2009, le 31 mars, la France s'achemine vers une sous-réalisation record. L'Institut de l'élevage avance le chiffre de 1,2 million de tonnes (Mt) non produites, soit 5% du quota national. Les livraisons cumulées sont en légère hausse par rapport à 2007-2008, mais insuffisantes pour absorber les 2,5% de quotas supplémentaires octroyés par Bruxelles.
Le Service de la statistique et de la prospective (SSP) du ministère de l'Agriculture a quant à lui calculé un déficit par rapport au quota de 1 Mt sur les dix premiers mois de la campagne (d'avril 2008 à janvier 2009).
La collecte laitière a enregistré un repli de 6,3% en janvier 2009 par rapport à janvier 2008, et la baisse serait de 6,8% en février. Sur dix mois, la collecte cumulée, corrigée de la matière grasse, est toutefois en progression de 0,6% par rapport à la même période en 2007-2008.
Après un printemps dynamique, qui n'a en fait constitué qu'un retour à la normale, la collecte a fléchi sur le second semestre. Elle est restée modérée jusqu'à la fin, rejoignant le profil moyen des dix dernières années.
La conjoncture difficile a dissuadé les industriels d'accorder des prêts de quotas importants, tandis que beaucoup d'éleveurs optaient pour une conduite économe. Le freinage est spectaculaire dans les régions (comme l'Ouest) ayant connu une hausse fulgurante au début de 2008, explique l'Institut de l'élevage.
Le rendement moyen du cheptel français, en progression irrégulière, est comme un reflet de la conjoncture. La moyenne du contrôle laitier, qui concerne deux tiers des vaches, dont 70% de prim'holsteins, était de 8.085 kg en 2007. Elle a bondi de 271 kg en 2008 (+3,5%), alors qu'elle n'avait gagné que 77 kg l'année précédente.
Cette augmentation est due à un allongement de la durée de lactation et à une distribution accrue de concentrés, encouragés par un prix du lait élevé. Cette réactivité prouve l'existence d'un fort potentiel dans le cheptel français. Avec un contexte économique moins favorable en 2008-2009, la progression des rendements risque de marquer le pas.
Dans l'UE à Vingt-Sept, la collecte est demeurée stable malgré l'augmentation de référence des Etats membres. A part l'Italie, en dépassement, seuls le Danemark et les Pays-Bas pourraient produire leur quota. En Allemagne, la sous-réalisation serait de même ampleur qu'en France.
Les ménages français ne boudent plus les produits laitiers La consommation française de produits laitiers sur douze mois (se terminant le 1er mars 2008 ) est en retrait de 0,7% par rapport à l'année précédente. L'augmentation des prix au détail (+5,8% en moyenne sur la même période) a pesé sur les achats des ménages. Aucun format de magasin n'a été épargné. L'ultrafrais a connu la plus forte baisse, tandis que le lait liquide a plutôt bien résisté. Le lait biologique tire son épingle du jeu avec des achats en hausse de 7% sur 2008. Au début de 2009, la consommation française envoie des signaux encourageants. En février, le volume des ventes est supérieur de 3% à son niveau de 2008, tiré vers le haut par le beurre (+8,5%) et la crème (+12,6%). Cette évolution en volume s'explique par une baisse de prix moyenne de 2,5% sur la même période (jusqu'à -7,1% pour le beurre). De leur côté, les produits industriels ne redécollent pas. Tombée à 2.150 €/t, la cotation française du beurre a perdu 23,5% par rapport à l'an passé. La poudre maigre et la poudre grasse ont chuté respectivement de 31,8% et de 39% en un an, pour s'établir à 1.670 €/t et 1.860 €/t à la mi-mars. |