Lactalis se heurte au « patriotisme économique » transalpin. L'annonce de sa prise de contrôle du groupe laitier Parmalat (1), la semaine dernière, a provoqué une levée de boucliers en Italie.
Le syndicat agricole Copagri a qualifié cette opération de « pillage du made in Italy », tandis que la confédération d'agriculteurs CIA a dénoncé « un cas à soumettre aux autorités antitrusts ».
Pour sa part, le gouvernement italien a adopté en urgence un décret permettant aux entreprises de repousser leur assemblée générale, un moyen de donner plus de temps à la formation d'une alliance italienne pour barrer la route au Français.
La banque Intesa Sanpaolo et le groupe Ferrero ont annoncé travailler à un « projet industriel estampillé italien ». D'autres pourraient s'y associer, comme le laitier Granarolo et la banque Unicredit.
Par ailleurs, le Parquet de Milan a ouvert une enquête sur les opérations financières menées par le groupe français, portant sur des anomalies présumées dans des mouvements de capitaux enregistrés depuis février, qui pourraient faire apparaître un délit tel que la manipulation de marchés.
Lactalis affirme « avoir toujours opéré de façon correcte » et « attendre sereinement de connaître les développements de cette affaire ».
Cette réaction survient à la suite de plusieurs rachats d'entreprises italiennes par des groupes français : acquisition de Bulgari par LVMH, négociations entre EDF et les actionnaires italiens pour le contrôle d'Edison, prise de participation de 25 % du capital d'Alitalia par Air France (en 2009)...
Cette affaire provoque des remous jusqu'à la Commission européenne, puisque les services du commissaire européen au Marché intérieur ont été contactés par les deux parties, Lactalis et le gouvernement italien.
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(1) Lactalis est monté à 29 % dans le capital de Parmalat, une part qui lui permet de prendre le contrôle du groupe.
Lire églament :
- Produits laitiers/Parmalat : Lactalis ouvert à une alliance avec d'autres actionnaires (24 mars 2011)