La Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) a rencontré mercredi les conseillers du cabinet du ministre de l'Agriculture pour leur signifier que les producteurs n'ont pas à assumer le coût de la non-collecte survenue dans le Grand Ouest ces derniers jours à cause des chutes de neige qui ont conduit à une désorganisation des circuits de collecte de lait.
La FNPL souhaitait évaluer la situation et évoquer les solutions juridiques et techniques permettant l’indemnisation des producteurs.
Les représentants de la FNPL ont demandé à ce que «les transformateurs assument leur rôle. Les producteurs ne sont ni responsables de la collecte, ni de la non-collecte» a soutenu à l'issue de cette rencontre, devant la presse, Thierry Roquefeuil, secrétaire général de la FNPL. «Il est hors de question que la responsabilité financière de la non collecte de lait retombe sur les seuls producteurs», a-t-il martelé.
Ce qu'ont reconnu, aux dire de la FNPL, les Pouvoirs publics à l'issue de cette rencontre. Ils «ont compris le message de non responsabilité» des producteurs, et qu'ils n'assumeront pas le non paiement du lait non collecté, a-t-il aussi précisé.
Dans les prochains jours, a déclaré T. Roquefeuil, Bruno Le Maire va demander aux préfets de recenser auprès des entreprises laitières les volumes non collectés lors de ces épisodes neigeux. L'information a été confirmée depuis par le ministère. «Nous ferons passer également le message aux producteurs, ce qui nous permettra d'analyser la situation et de faire les comptes», a ajouté T. Roquefeuil. La FNPL souhaite une «solution à l'amiable», a-t-il tout de même tempéré.
Selon le responsable syndical, les producteurs rencontreront de nouveaux les conseillers du ministre début février pour faire le point, en espérant qu'ils se seront «positionnés sur ce dossier». Qui est responsable de cette non collecte, et qui doit payer le manque à gagner pour les deux parties?
«Si les entreprises ont fait le choix de ne pas collecter pour ne pas prendre de risque, relève le secrétaire général de la FNPL, alors qu'elles assument le coût de la non collecte pour les producteurs!»
Les représentants de la FNPL lors de cette restitution à la presse ont rappelé que «juridiquement, les entreprises ont le devoir de collecter le lait sur l'exploitation tous les deux ou trois jours», et que pour cela ils ont l'obligation «de mettre en oeuvre tous les moyens possibles pour collecter». Lors de la grève du lait en fin d'année dernière, à l'inverse, certains producteurs en grève de livraison avaient reçu de la part de ces mêmes entreprises une injonction écrite pour reprendre leurs livraisons sous peine de sanctions.
«Nous sommes en droit de nous interroger sur l'implication de certains collecteurs», soutiennent les représentants de la FNPL.
«La collecte aujourd'hui est tellement optimisée que lorsqu'il y a un grain de sable, on ne rattrape pas le niveau de collecte, et la facture est envoyée par les industriels aux producteurs», a déploré Marcel Denieul, vice-président de la FNPL, responsable syndical pour la Bretagne et l'Ile et Vilaine. Il explique qu'en Bretagne, Pays de Loire, Haute et Basse-Normandie, les régions qui ont connu les plus grosses difficultés face à la neige, certains producteurs n'ont pas été collectés pendant 8 à 10 jours. A raison de 1.000 l de lait payés 250 euros le litre, par jour et par producteur, ce sont près de 2.500 euros de lait qui ont fini dans la fosse à lisier des livreurs non collectés. C'est d'autant plus difficile à supporter pour les producteurs que l'année 2009 a été financièrement très difficile et que les prix du lait ont commencé à remonter depuis le début janvier, a souligné la FNPL.
Jean Turmel, représentant de la FNPL en Normandie, l'une des régions les plus touchées par ces intempéries neigeuses, avec la Bretagne, relève que des épisodes neigeux bien plus impressionnants ont touché l'Ouest par le passé, vers 1985, « sans que (ces non-collectes) ne se produisent pour autant ». Aujourd'hui, ces entreprises fonctionnent en flux tendu, explique-t-il. « Certaines entreprises équipées de petites cuves ont su s'adapter » et ont pu collecter coûte que coûte, contrairement à celles équipées de gros porteurs qui n'ont pu se frayer de passage sur les routes rendues impraticables, explique-t-il.
Concernant les dégâts sur les bâtiments d'exploitation et la perte pour certaines d'animaux, « le contact a été pris avec les assurances. Elles attendent les expertises (qui interviennent en général sous trois mois), ce qui pose un problème aux producteurs » touchés, a déploré T. Roquefeuil.
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