Confrontés à une érosion continue des achats de lait de consommation, les industriels du secteur critiquent vivement le dispositif avancé par le médiateur des contrats.
Afin d'augmenter le prix du lait aux producteurs de 25 €/1.000 l en moyenne sur l'année 2013 (soit 340 €/1.000 l), ce dernier suggère que les transformateurs passent des hausses aux distributeurs de 3 centimes par litre sur le lait UHT, et de 2 centimes par litre de lait utilisé pour la fabrication des autres produits laitiers. Cela ne concerne que les marques de distributeurs et les premiers prix, puisque les négociations commerciales sur les marques se sont achevées à la fin de février 2013.
« Il aurait fallu une hausse de 10 centimes par litre de lait de consommation, s'est exaspéré un industriel lors d'une conférence de presse du Syndilait (syndicat regroupant les fabricants français du lait de consommation), le 16 mai 2013. Nous étions en train de négocier des hausses de cet ordre de grandeur. En communiquant sur une hausse de seulement 3 centimes, le médiateur nous coupe l'herbe sous le pied ! »
Selon les industriels, le risque d'assister à une disparition rapide de certains acteurs de la filière n'est pas négligeable. « Il y aura des arbitrages en faveur d'autres produits, plus rentables, comme le beurre et la poudre », avertit Giampaolo Schiratti, président du Syndilait.
La filière a vécu une année 2012 difficile, non rentable. Les restructurations en cours, comme c'est le cas chez Candia, en témoignent. Les prix sortie usine étaient en fort recul en mars, tombant de 48 centimes par litre à 41 centimes en moyenne, avant une légère reprise négociée en été. De plus, les transformateurs sont confrontés à une hausse des coûts de production (emballage, énergie) forte, qui n'a pas été répercutée à l'aval. Résultat, « le prix du lait de consommation stagne à un niveau trop faible », estime Emmanuel Vasseneix, de la Laiterie de Saint-Denis-de-l'Hôtel (Loiret) et administrateur du Syndilait.
La Fédération nationale des coopératives laitières (FNCL) a également réagi au communiqué du médiateur et va dans le sens du Syndilait.
« Faisant suite aux précisions avancées par le médiateur des contrats, la FNCL tire un double constat de la situation : d'une part, le médiateur prend en compte les problématiques des transformateurs, notamment en affirmant que les « hausses techniques » viennent s'ajouter aux négociations commerciales « normales ». Cette précision s'accompagne malheureusement d'une absurdité sur le lait de consommation puisque les mêmes hausses techniques ne s'ajoutent pas, mais se déduisent, aggravant par là même la situation de ce segment. D'autre part, l'acceptation des hausses techniques est encore trop souvent à l'état de déclaration orale. Elles ne font pas l'objet, pour le moment, de confirmation officielle de la part des distributeurs, qui invoquent même, pour certains, des nécessités de report », indique la FNCL dans un communiqué publié jeudi soir.
Pour autant, le Syndilait ne remet pas en cause la nécessité d'une hausse à la production. « Les élevages sont fragilisés, avec des risques non négligeables d'arrêts d'activité, souligne Emmanuel Vasseneix. Dans ma région, un producteur arrête chaque semaine. Néanmoins, la proposition du médiateur ne me convient pas, je ne l'appliquerai pas. »
Pour les transformateurs, une seule solution : il faut passer des hausses plus importantes à la grande distribution. Difficile à entendre de la part des pouvoirs publics, alors que la France vient d'entrer en récession...
Interventionnisme étatique
vendredi 17 mai 2013 - 09h11
Décidément,nous avons en France, un problème avec l'économie: les pouvoirs publics interviennent à contre temps, sans doute après des mois de concertation et autres réunions, alors qu'en même temps, le marché laitier se tend avec des prix à la hausse. Le résultat risque une fois de plus d'être catastrophique pour la filière. Comme disait naguère un Président US à son administration: "soyez utile à votre pays...ne faites rien".