Les deux principaux laboratoires d'analyse laitière bloqués depuis plus d'une semaine par des organisations d'agriculteurs minoritaires, à Châteaugiron (Ille-et-Vilaine) et à Saint-Lô, ont été débloqués jeudi par les forces de l'ordre ou à la suite de référés des laboratoires.
«Nous sommes surpris que des responsables professionnels fassent évacuer d'autres professionnels, sans qu'il n'y ait eu de dégradations», a expliqué jeudi Gérard Durand (Confédération paysanne) étonné du déblocage par les forces de l'ordre du Laboratoire inter laitier Loire Anjou Bretagne (Lillab) de Châteaugiron, bloqué depuis plus d'une semaine.
Selon Jean-François Guitton, responsable de la commission laitière de la Confédération paysanne, après le déblocage de Lillab, les manifestants devaient se rendre à la DDA de Châteaugiron.
L'Apli (Association des producteurs de lait indépendants) et la Confédération paysanne qui menaient les blocages veulent obtenir une reprise des négociations sur les prix du lait. Ils veulent également participer à ces discussions, où seul est invité le syndicat majoritaire FNSEA, via la Fédération nationale des producteurs laitiers (FNPL).
«Quand d'autres structures font pour des millions de dégâts, il n'y a pas de poursuite. Il y a deux poids, deux mesures», a déploré M. Durand. «Il ne nous reste plus qu'à nous retourner vers Bruno Le Maire, nous allons participer activement à sa campagne électorale», a-t-il averti. Le ministre de l'Agriculture, Bruno Le Maire, dirigera la liste de l'UMP aux régionales en Haute-Normandie.
A Saint-Lô, le Laboratoire interprofessionnel laitier de Normandie (Lilano) a lui aussi repris son activité jeudi, selon le laboratoire et les producteurs de l'Apli. «Nous avons eu une réunion au niveau national hier midi (mercredi 2 décembre, NDLR), il y a eu cinq ou six référés contre des blocages de labos avec des menaces financières énormes», a indiqué un producteur de l'Apli, Thierry Leservoisier.
Seul le laboratoire de Carhaix (Finistère) était toujours bloqué jeudi, selon les gendarmes, ce qu'a confirmé Jean-François Guitton (Confédération paysanne). Mais selon lui, d'autres blocages de laboratoires d'analyse laitière se préparent et interviendront vendredi ou samedi.
Dans son communiqué de jeudi, la Confédération paysanne a dénoncé cette «seule réponse apportée par le gouvernement qui consiste à faire déloger les paysans par les forces de l'ordre» compte tenu des actions de blocage des producteurs «pour exprimer leur désarroi face à un revenu proche de zéro, voire négatif».
Le syndicat estime que Bruno Le Maire «fait beaucoup de promesses, mais n’entreprend aucune mesure concrète pour permettre une augmentation immédiate du prix du lait». Elle regrette que le ministre «refuse d’organiser la table ronde sur la politique laitière» et qu'«aucune disposition» ne soit prise «en faveur du pluralisme syndical dans le projet de loi de modernisation agricole».
L’accord interprofessionnel du 3 juin 2009, signé par «une interprofession monolithique au sein du collège des producteurs» a eu des conséquences «catastrophiques sur le revenu des producteurs de lait qui attendent toujours la hausse du prix à la production pour 2009», conclut la Confédération.
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