Une table ronde était organisée le 8 novembre pour débattre sur le rapport 2008 de la Banque mondiale sur «l'Agriculture au service du développement». Le rapport constate que sur les 2 milliards d'individus pauvres, vivant avec moins de 2 dollars par jour, les trois quarts sont des ruraux. Or, les aides au développement de l'agriculture ne représentent qu'environ 4% des aides, par exemple en Afrique subsaharienne.
La priorité des gouvernements et des bailleurs de fonds doit donc être le soutien à l'agriculture. Le rapport révèle ainsi qu'une croissance du PIB (produit intérieur brut) provenant de l'agriculture augmente le revenu des pauvres de 2 à 4 fois plus qu'une croissance du PIB due à un autre secteur économique.
Michel Barnier, ministre de l'Agriculture, qui s'est exprimé sur le rapport de la Banque mondiale, a souligné que la croissance due à l'agriculture est un levier important pour le développement. Il a regretté que le défi de la sécurité alimentaire soit peu abordé alors que la demande alimentaire va doubler pour nourrir 9 milliards d'habitants en 2050.
«Le monde a besoin de grandes politiques alimentaires, agricoles et rurales. Et je vais me battre pour que l'Europe soit un exemple et ait une politique alimentaire et agricole forte», a déclaré le ministre. Selon lui, la libéralisation des marchés n'est pas bonne pour les pays les plus pauvres et l'Europe doit jouer un rôle régulateur des marchés mondiaux. Il a dévoilé son projet d'organiser trois grandes conférences quand il présidera le conseil des ministres de l'Agriculture de l'Union européenne, notamment sur la solidarité agricole.
Les intervenants de la table ronde ont apprécié que l'enjeu agricole pour le développement soit souligné. Une analyse d'experts français du réseau Impact a cependant regretté que deux points aient été peu abordés: le traitement des inégalités et les arbitrages difficiles en faveur des politiques publiques et rurales.