Des apiculteurs venus manifester mercredi à Paris, se sont dit «déçus» à l'issue d'une réunion au ministère de l'Agriculture, ce dernier ayant refusé de se prononcer dans l'immédiat sur l'interdiction de l'insecticide Cruiser, jugé dangereux par les défenseurs des abeilles.
Une quarantaine d'apiculteurs avaient manifesté dans la matinée à Paris avec des ruches vides et des banderoles, aux abords du ministère. D'autres rassemblements ont eu lieu à Lyon, Toulouse, Nantes ou encore à Clermont-Ferrand.
Le Cruiser, insecticide utilisé principalement pour la culture du maïs, s'est vu délivrer en janvier 2008 une autorisation de mise sur le marché pour une durée d'un an. Le dossier doit être réexaminé dans les jours prochains par le ministre de l'Agriculture, Michel Barnier.
Une délégation de cinq apiculteurs a été reçue par une conseillère de M. Barnier, Emmanuelle Soubeyran.
Le président de la Fédération nationale des organisations sanitaires apicoles départementales, Jean-Marie Barbançon, n'a pas caché sa déception à l'issue de cet entretien.
«On nous a expliqué que le ministre n'avait pas encore tranché et qu'il rencontrerait demain (jeudi) les représentants du secteur agricole. On nous a aussi clairement fait comprendre que pour l'instant, il n'existait pas d'alternative à ce type d'insecticide», a-t-il dit. «Je suis déçu», a ajouté cet ancien vétérinaire, aujourd'hui apiculteur dans la Drôme.
«Ce produit toxique est un grand danger pour les abeilles, pour les plantes mais aussi pour les oiseaux, car il est intraçable et sa seule poussière peut contaminer n'importe quelle plante, fleur ou cours d'eau», a-t-il dénoncé.
Mettant en avant «un manque de concertation» et «l'absence de crédibilité du processus de suivi» de cet insecticide, une dizaine d'associations d'apiculteurs et de défenseurs de l'environnement réclament depuis plusieurs mois son interdiction.
Présent dans les rangs de la manifestation parisienne, le président de la Ligue pour la protection des oiseaux, Alain Bougrain-Dubourg, a dénoncé des pratiques, selon lui, «incompatibles avec le Grenelle de l'environnement». «A un moment où on parle beaucoup de la biodiversité, on voit que les animaux les plus utiles sont méprisés», a-t-il souligné.