Les satellites qui scrutent les variations de la gravité à la surface de la Terre pourraient sonner l'alarme aux inondations plusieurs mois à l'avance, affirme une étude publiée le dimanche 6 juillet 2014.
Des chercheurs de l'Université de Californie à Irvine ont dressé une carte du bassin du fleuve Mississippi en couplant les relevés effectués au sol et les données fournies par les satellites Grace de la Nasa, lancés en 2002 pour effectuer des mesures très précises de la gravité terrestre.
Ils ont découvert que les infimes variations de la gravité indiquaient parfaitement la quantité d'humidité piégée à la surface de la Terre. Par extension, elles permettent donc de calculer comme un bassin fluvial va réagir en cas de précipitations ou de fonte des neiges exceptionnelles.
Plus le sol est sec, plus il peut absorber et conserver l'eau. Mais s'il est déjà presque saturé, les précipitations vont très rapidement s'écouler vers le bassin fluvial et y faire monter le niveau d'eau.
Une méthode testée sur des évènements passés
Les scientifiques ont testé leur technique rétroactivement, en étudiant les inondations massives qui ont frappé au printemps 2011 la rivière Missouri (le plus gros affluent du Mississippi), une catastrophe d'une ampleur telle qu'elle ne survient en moyenne que tous les 500 ans.
Leur modèle a beau fonctionner seulement à grande échelle, il permet de donner l'alerte sur les risques d'inondations avec six à onze mois d'avance, assurent-ils.
A titre de comparaison, les prévisions fondées sur l'humidité du sol ou la fonte des neiges mesurées depuis la surface ne dépassent généralement pas deux mois, tandis que les prévisions météo plafonnent à une dizaine de jours.
« Les phénomènes créés par la saturation des sols sont les plus à même de provoquer des inondations à grande échelle et dévastatrices, car dans un tel cas de figure un grand volume d'eau se déverse dans les cours d'eau », avertit l'étude, publiée dans la revue britannique Nature Geoscience.
Cette méthode n'est toutefois pas la panacée, reconnaissent les chercheurs. Elle nécessite une bonne connaissance de l'utilisation des terres, de l'irrigation et de l'hydrographie de la région concernée. Et elle est inutile dans les zones où la neige et la saturation des sols jouent faiblement, comme celles soumises chaque année à la mousson.