Ce n'est pas le coût de la main-d'œuvre dans l'abattage-découpe qui explique l'écart croissant entre les filières de la viande française et allemande, mais bien plutôt les faibles performances industrielles de ce côté-ci du Rhin, estime Agritel.
La mise en place d'un salaire minimum en Allemagne va-t-elle redonner un peu d'oxygène à une filière viande française en perte de vitesse depuis le début des années 2000 ? Le problème est bien plus vaste, répond Agritel dans une étude présentée le 29 janvier 2014 à Paris par Hélène Morin, responsable du développement et des relations internationales.
La mise en place d'un salaire minimum généralisé de 8,50 €/h en Allemagne, à compter du 1er janvier 2015, va accroître la masse salariale de 6 ou 7 %, tous secteurs confondus. Certainement davantage dans le secteur agricole et alimentaire, dont plus du tiers des emplois est occupé par des travailleurs détachés (d'autres pays) rémunérés moins de 5 €/t. Cela dit, souligne Agritel, le coût de la main-d'œuvre ne dépassant pas 15 % dans le prix de revient final d'une viande, la mise en place du Smic allemand n'améliorera de guère plus de 1 à 2 % la compétitivité relative des produits tricolores. « Cela ne suffira pas à relancer la filière des viandes en France », résume Hélène Morin.
Les élevages français seraient-ils moins compétitifs que leurs homologues allemands ? Non, répond Agritel, citant en exemple la production porcine. Le vrai défi est ailleurs : dans l'organisation et la structuration des filières (taille des entreprises, taille des usines, capacité à exporter en containers complets...), dans la modernisation des outils industriels (cadences d'abattage...) et le positionnement en marketing (le hard-discount allemand fait pression pour limiter le nombre de références). Dans ces trois domaines, la comparaison ne joue pas en faveur de la France. Conclusion de Michel Portier, directeur d'Agritel : « Il faut restructurer la filière. »
Entre 2000 et 2010, la production de viande a augmenté de 26 % en Allemagne, et diminué de 11 % en France, devenue déficitaire vis-à-vis de la première.