Les Amis de la Terre ont dénoncé mercredi le développement des agrocarburants, qui captent une partie de la production agricole du Sud. L'ONG vise en particulier le projet de reconversion de la raffinerie Total de La Mède qui doit utiliser de l'huile de palme, projet qui inquiète également les producteurs français d'oléagineux (Fop).
Dans une lettre écrite à Ségolène Royal, la ministre de l'Ecologie et de l'Energie, qui a provoqué la semaine dernière une polémique sur le Nutella, l'ONG demande : « Pâte à tartiner ou agrocarburant : qui est responsable de la déforestation ? »
L'huile de palme, essentiellement produite en Malaisie et en Indonésie et qui se développe en Afrique, est massivement utilisée par l'industrie agroalimentaire et sa culture participe à la déforestation massive dans ces régions.
Les Amis de la Terre pointent aussi l'utilisation croissante des huiles végétales, dont celle de palme, pour produire des agrocarburants et appellent à revoir la politique européenne de soutien à ce secteur. « Nous vous interpellons donc aujourd'hui, Madame la Ministre, pour vous demander de prendre position contre le projet de reconversion industrielle de Total à La Mède tel qu'il est actuellement proposé », écrivent-ils.
Transition énergétique
Selon l'ONG, la France consomme chaque année 295.000 tonnes d'huile de palme dans l'agroalimentaire, dont 16.000 tonnes pour du Nutella, et 110.000 tonnes pour des agrocarburants. Le projet de reconversion de La Mède (Bouches-du-Rhône) a une capacité de production de 500.000 tonnes par an, toutes huiles végétales confondues (colza, soja et palme).
Interrogé à ce sujet, Total a indiqué prévoir utiliser à La Mède 30-40 % d'huiles usagées et 60-70 % d'huiles végétales, « produites en France ou à l'étranger », pour faire tourner sa bioraffinerie. L'industriel rappelle que le projet de loi sur la transition énergétique prévoit que la part des agrocarburants passe de 7,7 % en 2014 à 15 % en 2030 en France. « La France est déjà importatrice de biodiesel et elle le sera encore plus demain si rien n'est fait », souligne Total, qui confirme vouloir aussi utiliser de l'huile de palme. L'industriel met en avant le prix de l'huile de palme, qui coûte selon lui environ 150 €/t de moins que l'huile de colza.
Total précise vouloir « mettre en place les moyens pour détecter et acheter de l'huile de palme à des producteurs responsables qui respectent un code de conduite et des pratiques compatibles avec nos attentes ».