Le Parlement hongrois a adopté, le 21 juin 2013, une loi sur les terres agricoles, qui impose notamment des restrictions aux étrangers pour l'acquisition de foncier.
La loi a obtenu 253 voix pour, 17 contre et zéro abstention au Parlement, où la formation du Premier ministre conservateur, Viktor Orban, détient une majorité des deux tiers.
« A partir du 1er mai 2014, le marché des terres agricoles sera libéralisé en Hongrie et l'achat de terrains sera possible pour les citoyens des pays membres de l'UE », a indiqué le gouvernement hongrois dans un communiqué.
Selon le texte, les citoyens hongrois et communautaires pourront acquérir des terrains en Hongrie mais, si la superficie dépasse un hectare, les acheteurs devront être des agriculteurs. Ces derniers devront s'identifier avec un diplôme agraire ou forestier ou justifier d'une activité agraire en Hongrie de trois ans au minimum.
Selon Viktor Orban, la nouvelle loi « arrive à concilier la défense des terres hongroises avec la législation communautaire » et défend les intérêts de petits et moyens producteurs. L'opposition a formulé une opinion contraire : la députée Rebeka Szabo, de la formation Dialogue pour la Hongrie (gauche-verte), a souligné avant le vote que la loi « trahissait les fermiers, qui n'avaient pas les moyens de faire entendre leur voix sur les questions pertinentes » comme la location des terres arables.
Selon la députée indépendante Szilvia Lengyel, la loi crée des domaines plus grands au détriment des plus petits, une opinion partagée par Zoltan Gögös, un député socialiste, qui dénonce que « quelque 5.000 domaines de 1.200 hectares en moyenne seront créés dans le pays, servant les intérêts d'un cercle restreint ».
Il faisait ainsi allusion au scandale révélé au début de 2012, lorsque l'opposition et l'ancien secrétaire d'Etat au ministre de l'Agriculture, Jozsef Angyan, lui-même membre du Fidesz, avaient dénoncé une pratique selon laquelle la majorité des terres offertes à la location étaient revenues à des sociétés liées au Fidesz. « Des réseaux mafieux s'accaparent de la totalité des ressources, de la terre, des subventions et des marchés », avait alors critiqué M. Angyan, qui avait démissionné à la fin de janvier 2012 après avoir relevé des anomalies, ignorées, selon lui, par ses supérieurs.
Des agriculteurs ont protesté vendredi à travers le pays en occupant des routes, notamment dans les départements au nord et à l'ouest de Budapest.