«L'agriculture a le vent en poupe, mais n'oublions pas qu'il s'agit de choses extrêmement compliquées. Il faut voir la totalité du tableau, dans toute sa complexité», a lancé Alexander Müller, directeur général adjoint du département de la gestion des ressources naturelles de la FAO, lors d'une rencontre organisée le 21 septembre par la Fondation pour l'agriculture et la ruralité dans le monde (Farm) intitulée «Hausse des prix agricoles et biocarburants: quelles opportunités pour les pays en développement?».
Tout en s'affirmant persuadé que la hausse des prix des matières agricoles, qui survient après 40 ans de baisse, peut être bénéfique pour l'agriculture des pays pauvres, l'expert a rappelé combien le problème était complexe et constitué d'une myriade de situations très différentes sur le terrain. «Pour qu'elles en profitent, il faudra pour cela que ces agricultures locales disposent d'infrastructures et d'un accès au marché», a nuancé Alexander Müller.
D'ici à 2050, la population mondiale devrait passer de 6,2 milliards à 9 milliards d'habitants. Un accroissement de population qui se produira quasi exclusivement dans les zones urbaines des pays en voie de développement, «ce qui veut dire que l'on aura des problèmes pour nourrir ces milliards de personnes qui vivront dans les villes», a averti Alexander Müller.
Le problème sera particulièrement compliqué pour les pays dépendants des importations pour leur alimentation ainsi que pour leur énergie. De ce point de vue, le développement des biocarburants pourrait contribuer à apporter une certaine autonomie à des régions qui n'ont pas accès à l'énergie, mais là encore, un tel scénario doit être soutenu par des investissements et des projets d'aide au développement, selon la FAO.
Selon Alexander Müller, même si le développement des biocarburants entraîne une concurrence pour les matières premières à l'échelle mondiale, il pourrait permettre de découpler le lien étroit qui existe actuellement entre la consommation énergétique et le revenu.
Il a toutefois tempéré l'enthousiasme sur les biocarburants dits de seconde génération. «Les industriels promettent beaucoup, mais nous verrons. Il faut pour l'heure se concentrer sur les biocarburants de première génération», seule solution fonctionnelle. Entre hausse des prix et influence sur la dépendance énergétique, «les biocarburants pourraient avoir un impact plus grand que la révolution verte».
