Plus de 40.000 éleveurs européens participent à la grève européenne du lait, ont affirmé mercredi à Bruxelles les responsables de la fédération européenne des producteurs laitiers, l'European Milk Board (EMB), en appelant la Commission européenne à intervenir contre la chute du prix du lait.
«C'est le désespoir qui pousse de plus en plus de producteurs à rejoindre le mouvement», a souligné lors d'une conférence de presse le président de l'EMB, Romuald Schaber, en espérant que les politiques et la Commission s'inspirent des «propositions concrètes» élaborées par son organisation qui regroupe quelque 100.000 producteurs laitiers.
Les prix sont descendus à entre 18 et 24 centimes le litre en moyenne, alors que les coûts de production avoisinent les 40 centimes, a déploré M. Schaber.
Des appels à la grève ou des actions spontanées ont eu lieu en Allemagne, Autriche, Espagne, dans le nord de l'Italie, au Luxembourg (à l'appel du Luxembourg Dairy Board), aux Pays-bas, et en Suisse, selon l'EMB.
Les agriculteurs de la Wallonie belge (sud du pays) ont déversé mercredi en début d'après-midi sur un champ près de Ciney trois millions de litres de lait, soit l'équivalent de la production d'un jour en Wallonie, à l'aide de 300 tracteurs. Le lait n'est pas perdu, «il est utilisé comme engrais», a souligné le président de l'organisation belge Milk Producer Interest Group (Mig), Erwin Schöpges, qui a prévenu que les producteurs laitiers wallons iront «jusqu'au bout» dans leur mouvement de protestation.
Via Campesina, la coordination d'agriculteurs altermondialistes à laquelle adhère la Confédération paysanne, demande la tenue d'un «sommet extraordinaire des chefs d'Etat de l'UE sur la crise du lait», alors que doit se tenir jeudi à Bruxelles un sommet extraordinaire sur la crise économique.
La Commissaire européenne à l'Agriculture, Mariann Fischer Boel, accusée par l'EMB d'avoir fait jusqu'ici la sourde oreille aux revendications des producteurs laitiers, entend présenter jeudi au Parlement européen de nouvelles idées sur la crise du secteur.
Selon une source proche du dossier, elle pourrait notamment proposer de faciliter les conditions des rachats de quotas et de les combiner avec les aides au départ en préretraite, afin de retirer des quantités supplémentaires de lait du marché. L'EMB est favorable à de tels mécanismes, pourvu qu'il s'agisse de «rachats temporaires» des quantités allouées que les agriculteurs soient en mesure de reprendre quand les prix seront meilleurs, souligne Romuald Schaber.
Les Européens sont divisés sur les réponses à apporter à la crise du lait entre partisans de la libéralisation et partisans du maintien d'un marché régulé. Quelque 18 pays européens soutiennent un texte franco-allemand proposant une «nouvelle régulation» du secteur, en lieu et place du système voué à disparaître des quotas.
Lire également:
-
Lait/France: la grève se poursuit dans l'attente des propositions de Fischer Boel (16 septembre 2009)
-
Crises: «la contractualisation ne peut pas être une réponse» (Confédération paysanne) (VIDEO) (16 septembre 2009)
-
Lait: le Parti socialiste dénonce «le double langage de la majorité et du ministre de l’Agriculture» (16 septembre 2009)
-
Crise du lait: Bruxelles prépare de nouvelles propositions (15 septembre 2009)
-
Crise du lait/Space: Jean-Michel Lemétayer vivement interpellé par des manifestants (VIDEO) (15 septembre 2009)