Le groupe français AgroGeneration, spécialiste de la production de céréales hors de France, a annoncé vendredi une perte nette de 22,6 millions d'euros pour 2013, en raison de la forte baisse des prix des matières premières agricoles et des coûts liés à la fusion avec l'un de ses rivaux. Le rapprochement, annoncé en mai 2013, avec le spécialiste de l'agriculture à grande échelle en Ukraine, Harmelia, a pourtant permis de faire grimper le chiffre d'affaires du groupe de 64 % l'an dernier, à 53,7 millions d'euros, précise AgroGeneration dans un communiqué du 30 mai.
Cette opération a doublé les surfaces agricoles exploitées en Ukraine par AgroGeneration, de 60.000 à 120.000 hectares. Le groupe se présente désormais comme l'un des cinq premiers opérateurs agricoles dans ce pays, l'un des exportateurs majeurs de céréales au niveau mondial. Mais la perte opérationnelle s'élève à près de 17 millions d'euros. D'une part, la marge brute a stagné en 2013, en raison de « l'impact majeur de la forte baisse des prix des matières agricoles », alors que la production annuelle de céréales était « en ligne avec les attentes », à 471.000 tonnes, dont 440.000 en Ukraine. L'entreprise a enregistré une « perte comptable liée au différentiel entre le prix de vente des stocks de 2012 et leur valorisation au 31 décembre 2012 ».
D'autre part, les coûts généraux de l'entreprise ont quasi doublé, passant de 8,4 millions d'euros en 2012 à 16 millions en 2013, à cause « des charges non récurrentes liées aux coûts de fusions, d'autres coûts non récurrents et à l'intégration de l'ancien périmètre AgroGeneration ». « Ces coûts ont depuis été largement diminués sur l'exercice de 2014 », précise le groupe. La vente d'AgerAustral, la société d'exploitation du groupe en Argentine, « pour se consacrer à l'exploitation de terres agricoles en Ukraine », a entraîné une perte de 2 millions d'euros supplémentaires.
En 2012, AgroGeneration avait subi une perte nette de 5,6 millions d'euros en raison de charges non récurrentes. Harmelia avait pour sa part engrangé un bénéfice de près de 5 millions d'euros, pour un chiffre d'affaires d'environ 33 millions. Pour 2014, « la visibilité sur la bonne tenue des opérations [...] reste liée à l'évolution rapide du contexte en Ukraine », explique le groupe. « Avec les élections passées et un nouveau dirigeant élu, le climat semble plus optimiste même si le retour à la normale prendra encore du temps », précise le communiqué. AgroGeneration « pourrait profiter de ces améliorations si la pression financière se détend, les acheteurs deviennent moins hésitants sur la sécurisation des récoltes ukrainiennes et les barrières de l'Europe levées », espère Michael Bleyzer, le président du conseil d'administration, cité dans le communiqué.
Malgré la crise politique, AgroGeneration « a pu maintenir et financer la quasi-totalité de son programme agricole initial ». Quelque 103.000 hectares ont été semés à ce jour, mais la répartition des cultures a été légèrement modifiée « pour privilégier les cultures les plus performantes et rentables ». La baisse du coût des matières premières pourrait avoir également des effets positifs, en faisant baisser les coûts des intrants et donc les coûts de production, estime le groupe, qui relève aussi « un impact favorable » de la dévaluation de la monnaie ukrainienne sur certains de ses coûts.
Avec l'absorption d'Harmelia, AgroGeneration emploie 1.500 collaborateurs.