Que ce soit en matière de lutte contre le changement climatique ou d'approvisionnement en énergie, les biocarburants sont loin d'apporter des solutions miracles, a estimé vendredi un expert de l'ONU en appelant l'UE à un « débat responsable » pour corriger les erreurs du passé.
Alors qu'ils étaient présentés comme une solution miraculeuse il y a encore quelques années, il semble que les biocarburants « ne sont pas un moyen efficace de réduire les gaz à effet de serre », pas plus qu'ils ne sont un moyen d'assurer la sécurité de l'approvisionnement énergétique car ils nécessitent beaucoup trop de terres, a estimé le rapporteur spécial de l'ONU pour le droit à l'alimentation, Olivier De Schutter.
De fait, « plus l'UE produit de biocarburants, plus elle est contrainte d'importer du reste du monde de l'huile végétale », a-t-il relevé lors d'un point de presse à Bruxelles. Et s'ils ne représentent aujourd'hui encore qu'une faible portion des terres arables, beaucoup des achats de terres à grande échelle dans le monde ont pour but de produire des biocarburants.
« De plus en plus, on finit par reconnaître que des erreurs ont été commises » ces dernières années dans l'élaboration des politiques de soutien aux biocarburants et de lutte contre le changement climatique, a-t-il jugé.
L'UE s'est dotée d'objectifs ambitieux, comme celui de 10 % d'énergies renouvelables dans les transports d'ici à 2020, qui font qu'il est aujourd'hui « difficile de faire machine arrière. Il y a des agriculteurs qui ont investi, il leur a été promis que les marchés continueraient à croître », reconnaît-il.
« Nous risquons de devoir revoir de manière fondamentale les politiques en la matière », a-t-il jugé, estimant avoir « le sentiment que l'UE est prête aujourd'hui à un débat responsable », même si aujourd'hui il est très polarisé entre les défenseurs de l'industrie des biocarburants et ses détracteurs.
Selon lui, « il y a de nombreux tabous qu'il faut accepter de discuter » à ce propos.
La Commission européenne travaille actuellement à l'élaboration d'une étude d'impact des politiques en matière de biocarburants.
M. De Schutter prépare lui aussi un rapport sur la question, qui devrait être publié au début de 2012.