Le Pacte national de lutte contre le gaspillage alimentaire, voulu par le gouvernement et signé le vendredi 14 juin 2013 par tous les acteurs de l'alimentation, doit conduire à réduire de moitié le gaspillage d'ici à 2025.
Promis depuis la rentrée de 2012 et détaillé par le ministre délégué à l'Agroalimentaire, Guillaume Garot, le plan en onze mesures s'appuie sur « l'ensemble des acteurs de la chaîne alimentaire », depuis la production (agricole et industrielle) jusqu'aux repas et même au-delà, puisqu'il s'agira aussi de réduire les déchets.
« L'enjeu dépasse largement le cadre hexagonal », a insisté M. Garot, dont le plan s'inscrit dans un objectif européen et même mondial.
Le représentant de la FAO, l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation, Laurent Thomas, a ainsi fait valoir que la somme des aliments gâchés dans le monde (1,3 milliard de tonnes – 750 milliards d'euros) suffirait amplement à rassasier les 868 millions d'affamés.
« Si, dans les pays en développement, les pertes ont surtout lieu après récoltes, dans les pays industrialisés, c'est majoritairement au niveau du consommateur. »
Un Français jette en moyenne 20 kg de nourriture par an, dont 7 kg de produits encore sous emballage. Une dépense inutile de 400 euros par an et par ménage. « Scandaleux et profondément injuste », juge Guillaume Garot, qui a enrôlé les agriculteurs via Coop de France, l'industrie agroalimentaire, la grande distribution, la restauration hôtellière et collective et les associations de consommateurs et de secours dans son plan anti-gaspi.
Tous s'engagent à agir et à sensibiliser les acteurs de leurs chaînes respectives, à mettre en place des filières de récupération des invendus, même au niveau de la production agricole, à adapter la taille des portions en visant les petits formats (industries), y compris en rayons (distribution) où le représentant d'une grande enseigne a reconnu que « même les yaourts pouvaient être vendus à l'unité ».
« A consommer de préférence avant... »
La fameuse DLUO, date limite d'utilisation optimale, trop souvent confondue avec la date de péremption, sera remplacée par la mention « à consommer de préférence... », plus ouverte – même si un industriel présent marmonnait qu'il faudra bien, quand même, garder une date limite de consommation pour éviter tout problème sanitaire, rapporte l'AFP.
Carrefour va même proposer, dans quelques villes, des « bars à smoothies » réalisés avec les fruits et légumes retirés des rayons.
En tout cas, jure M. Garot, plus question de détruire des produits consommables simplement parce qu'ils ont été mal étiquetés. Ils seront donnés aux banques alimentaires – Casino affirme avoir triplé ses dons en trois ans sur ce principe (l'équivalent de 16 millions de repas en 2012) – et à des associations comme Eqosphère : elle a réalisé vendredi le buffet de fête du ministère qu'avec des produits « dépassés » mais toujours bons.
Le traiteur parisien de luxe Potel et Chabot lance d'ailleurs un partenariat avec Eqosphère pour la « revalorisation de ses surplus » au profit des démunis.
L'Etat, de son côté, va inclure progressivement d'ici à 2014 des clauses anti-gaspillage dans les marchés publics de la restauration collective – taille des portions adaptée aux publics visés et préparation des repas.
La circulaire réformant le code des marchés sera publiée « dans les prochaines semaines », selon le ministre.
La lutte contre les déperditions alimentaires sera intégrée aux formations en lycées agricoles dès la rentrée prochaine, puis aux écoles hôtelières.
Tous les signataires se sont engagés à définir une série d'indicateurs pour mesurer leurs résultats au moins une fois par an. D'ici là, le 16 octobre sera proclamée la journée contre le gaspillage alimentaire.