La Commission européenne va prendre des mesures exceptionnelles pour soutenir le secteur des pêches et des nectarines, au cœur d'une âpre bataille de concurrence entre la France, l'Italie et l'Espagne, et qui a été affecté par une météo défavorable et l'embargo imposé par Moscou aux produits agroalimentaires européens.
« Suite à la récente baisse des prix sur les marchés des pêches et des nectarines, une action urgente est nécessaire (...) Je propose aujourd'hui que la Commission européenne prenne des mesures rétroactives immédiates visant à réduire l'offre et à favoriser la demande », annonce le commissaire européen en charge de l'agriculture, Dacian Ciolos, dans un communiqué du 11 août.
Retraits du marché
Il s'agit notamment d'accroître de 5 à 10 % le volume de fruits autorisés à être retirés du marché et distribués gratuitement. Des mesures exceptionnelles seront également prises pour soutenir les producteurs individuels, a fait savoir la Commission. La décision formelle sera prise dans les prochaines semaines, mais elle s'appliquera rétroactivement à partir de ce lundi 11 août.
Prendre ces mesures était « déjà sur la table la semaine dernière, mais l'annonce de restrictions à l'importation par Moscou risque d'aggraver encore la situation du marché (des pêches et des nectarines) et a accéléré la nécessité d'une action », souligne la Commission.
« Je n'hésiterai pas à agir et à utiliser le nouveau cadre de la PAC pour fournir en temps voulu et de manière proportionnée un soutien aux marchés (en difficulté). Ce premier pas est un signal », a insisté M. Ciolos. « Nous suivons de près les marchés et je n'hésiterai pas à faire de même pour aider d'autres secteurs dépendants des exportations vers la Russie, si nécessaire ».
Moscou a décrété pour un an un embargo sur les productions agroalimentaires en provenance d'Europe et d'Amérique du Nord notamment, en représailles aux sanctions qui la visent pour son soutien aux séparatistes ukrainiens.
Réunion d'experts jeudi à Bruxelles
Une réunion d'experts se tiendra jeudi à Bruxelles pour faire le point sur les retombées pour les producteurs agricoles européens. « Si c'est nécessaire », on convoquera après un conseil informel des ministres de l'Agriculture, a indiqué la semaine dernière le ministre français, Stéphane Le Foll. « On va d'abord évaluer les choses, on va se concerter et on prendra des décisions dès qu'on aura bien évalué les conséquences de ces annonces par la Russie », avait-il ajouté.
Avant même l'embargo imposé par Moscou aux produits agroalimentaires européens, les pêches et les nectarines étaient un secteur en difficulté, en raison de conditions météo « particulièrement défavorables cette année », à savoir un printemps doux qui a dopé la production, suivi d'un été frais et humide où la consommation de ces fruits a nettement ralenti.
L'UE produit chaque année environ 2,5 millions de tonnes de pêches et 1,2 million de tonnes de nectarines. Les plus gros producteurs sont l'Italie, l'Espagne, la France et la Grèce. Ces deux productions sont au cœur d'une âpre concurrence entre la France et l'Espagne, après celle des fraises au printemps. Les producteurs français soupçonnent leurs voisins espagnols de pratiquer « le dumping commercial » pour tuer le marché français.
Intensification des contrôles
En concertation avec Stéphane Le Foll, Carole Delga, secrétaire d'Etat chargée du Commerce, de l'Artisanat, de la Consommation et de l'Economie sociale et solidaire, « a donné instruction aux services de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) de procéder à une intensification de la campagne de contrôles déjà en cours visant à vérifier le respect des règles de commercialisation des fruits et légumes », indique un communiqué du 11 août.
« Cette mesure de renforcement des contrôles est prise à titre préventif. Elle intervient dans un contexte d'embargo russe sur les produits agricoles. Ces contrôles permettront en particulier de vérifier la présence de bons de commande avec prix de vente lors du transport de cargaisons de fruits et légumes. Il s'agit là de faire respecter les règles afférentes à la pratique dite de "prix après-vente" prévue par le code du commerce », précisent encore les deux ministères.