Le président français, François Hollande, doit signer mardi, lors d'une visite officielle en Haïti, plusieurs accords renforçant les échanges commerciaux, énergétiques et éducatifs entre les deux pays, dont un sur l'exportation de bananes biologiques.
Faisant suite à la mobilisation d'agriculteurs regroupés en coopérative dans le nord du pays, Haïti va commencer à exporter des bananes biologiques vers le marché européen. Cet accord commercial doit être entériné par les présidents français et haïtien, Michel Martelly, mardi au Palais national à Port-au-Prince.
Dans les plaines fertiles du département du nord-est d'Haïti, des petits producteurs reçoivent depuis plus d'un an l'expertise technique de chercheurs du Cirad français (Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement) et de l'IRD (Institut de recherche pour le développement). Formés à la gestion de l'eau et des sols, ces agriculteurs haïtiens cultivent des bananiers sans engrais chimiques sur un millier d'hectares.
Grâce à cet accord, la production va être commercialisée sur le marché européen. Une opportunité en or pour les paysans pauvres d'Haïti à l'heure où les plantations de Martinique sont décimées par une maladie.
Dans un deuxième accord, la France va fournir à Haïti une expertise technique en matière énergétique. Ségolène Royal, ministre de l'Ecologie, du Développement durable et de l'Energie, compte parmi l'importante délégation française en visite en Haïti.
Au fil des années, les Haïtiens se sont habitués aux longues coupures de courant. La compagnie nationale Electricité d'Haïti (EDH) fournit officiellement 12 heures de courant par jour en moyenne aux habitants de la capitale, Port-au-Prince.
La « dette » française
En outre, des régions françaises vont financer à hauteur de 1 million d'euros la construction d'un lycée d'excellence, offrant des filières générales et professionnelles dans les secteurs de l'agroalimentaire et du tourisme dans la ville de Côteaux (sud).
Ces accords se veulent un signe du renforcement des liens entre les deux pays au passé commun difficile. La question de la dette de l'indépendance est ainsi revenue au cœur des discussions en Haïti.
En déclarant, dimanche en Guadeloupe, qu'il viendrait en Haïti s'acquitter de la dette française, François Hollande a suscité beaucoup d'espoirs dans l'ancienne colonie.
Au XIXe siècle, la première république noire de l'histoire a dû, pour obtenir sa reconnaissance sur la scène diplomatique, payer des indemnités aux anciens colons français pour compenser leur perte de revenus. Une somme estimée aujourd'hui à 17 milliards d'euros que beaucoup d'Haïtiens voudraient récupérer.
Après la déclaration inattendue de François Hollande, son entourage a précisé qu'il s'agissait d'un acquittement moral de la dette et non financier. Un geste insuffisant pour les Haïtiens qui vont analyser chaque mot que prononcera le président français mardi.