Un débat sur les conséquences de la loi de modernisation de l’économie (LME), votée cet été, réunissait lundi des représentants des fournisseurs et de la grande distribution à l’occasion du Sial, Salon international de l’alimentation.
En introduction, le secrétaire d’Etat chargé de la Consommation, Luc Chatel, a rappelé les objectifs de simplification et de clarification dans les relations commerciales de la loi LME qu’il a défendue et qui entrera en œuvre au 1er janvier 2009.
«Ce ne sera pas la loi de la jungle, a-t-il assuré, puisqu’il y a des garde-fous», citant en exemple le rôle de la Répression des fraudes pour surveiller le raccourcissement des délais de paiement.
Mais sur la négociabilité des tarifs, applicables dès à présent, le monde agricole craint de subir par ricochet les pressions mises par la grande distribution à ses fournisseurs. Même si les fruits et légumes et les produits agricoles non transformés ne sont pas soumis à la libre négociation des tarifs, ils risquent de subir des effets des baisses de prix appliquées par la distribution pour répondre aux attentes des consommateurs.
La croissance rapide du hard-discount, qui va se développer à la suite de la facilité d’implantation des grandes surfaces, accentuera ces effets collatéraux. «Les distributeurs privilégient des fruits et légumes d’importation, moins chers que les français, puisqu’ils ne respectent pas le niveau de contraintes sociales, environnementales et sanitaires de nos production», a contesté Angélique Delahaye, présidente de la Fédération des producteurs de fruits et légumes (FNPL).
Elle a également pointé du doigt les ristournes exigées par la plupart des grands distributeurs et a demandé un observatoire des prix et des marges.
Pour Philippe Mangin, président de Coop de France, il y a eu deux grandes erreurs. La première est d’avoir fait «croire aux consommateurs que les acteurs de la filière alimentaire se goinfrent sur leur dos, alors que les marges sont faibles». Cette défiance et la recherche du prix le plus bas ont déjà, selon lui, limité les marges et fait prendre du retard à la recherche et développement de nouveaux produits.
La deuxième erreur est «de faire croire que le pouvoir d’achat va augmenter, alors que les prix sont artificiellement bas» et ne rémunèrent pas les producteurs. «Il faut repenser la Pac pour que le prix de vente rémunère le paysan», a-t-il ajouté.
Pour faire face à la volatilité des prix, les acteurs sont tombés d’accord sur la nécessité d’outils pour lisser les hausses et les baisses des prix, pour ne pas déstabiliser les consommateurs. Les interprofessions et les engagements contractuels pourraient y contribuer.