Quatre pelleteuses ont arraché jeudi 3 ha de vignes situées à Chouilly (Marne) sur un terrain appartenant à l'hôpital d'Epernay. Une opération coup de poing menées en présence du syndicat général des vignerons (SGV) et du groupe des jeunes viticulteurs de Champagne.
Jusqu’à ces vendanges, ces 3 ha étaient exploités par 25 vignerons bénéficiaires d’un bail de vingt-cinq ans. Mais ce bail est arrivé à échéance. Les vignerons réunis au sein d’un collectif ont fait une proposition au directeur de l’hôpital, mais Moët & Chandon a remporté la mise. L’hôpital d’Épernay a choisi de louer ses vignes au négociant.
Pour conserver leurs droits de plantation, les vignerons concernés devaient procéder à l’arrachage avant le 30 octobre 2011. Ce qu’ils ont fait, avec l’appui du conseil d’administration du syndicat général des vignerons.
Reste maintenant au nouveau locataire à trouver des droits pour replanter ces parcelles. « Nous allons suivre de près comment ces vignes vont être replantées », commente Patrick Boivin, président du collectif qui regroupe 21 des 25 vignerons évincés.
Le sentiment général des participants à cette opération de médiatisation est que certains négociants franchissent la ligne jaune du droit et du respect du code rural.
Ce nouveau bail symbolise la fuite du foncier vers quelques négociants, mieux armés financièrement que les vignerons. À 850. 000 €/ha en moyenne, le ticket d’entrée n’est accessible qu’à une frange de la profession. Cette situation inquiète le vignoble qui, à terme, craint pour son pouvoir au sein de l’interprofession. Le SGV en appelle à l’esprit responsable des viticulteurs pour privilégier leurs confrères plutôt que le négoce lors de cessions de vignes.
« Pendant longtemps, il y a eu un équilibre entre la production et le négoce en Champagne, a rappelé Pascal Férat, président du syndicat général des vignerons aux vignerons présents à la conférence sur la transmission des exploitations le 21 octobre, au salon VITeff à Épernay. Cet équilibre est en train d’être rompu par le fait que le négoce se porte de plus en plus acquéreur de terres. Si vous voulez que le SGV reste fort et qu’il puisse continuer à vous défendre, cela passe aussi par la transmission de l’outil de production aux viticulteurs plutôt qu’au négoce. »
La présence d’une soixantaine de professionnels montre la détermination du syndicat général des vignerons à se battre pour que le foncier reste dans les mains du vignoble. Et à faire respecter leurs droits.