La deuxième édition de Fodali, forum consacré à la distribution alimentaire innovante, s'est ouverte le 24 juin à Périgueux, en Dordogne. A cette occasion, Philippe Moati, cofondateur de l'Observatoire Société et Consommation (ObSoCo), a présenté les résultats d'une étude sur le comportement des consommateurs vis-à-vis de l'achat en ligne. Les conclusions de ce « Baromètre Fodali 2015 » sont encourageantes pour le monde agricole : « La e-distribution alimentaire s'inscrit dans une logique de commerce de précision en rupture avec les modèles de consommation de masse issus des Trente Glorieuses. Un nouveau modèle se dessine, aux contours encore flous, mais dont les producteurs pourraient être les grands vainqueurs », a estimé l'universitaire.
Le « direct producteur » plébiscité
Selon cette enquête, près d'un Français sur deux a déjà acheté de la nourriture sur internet cette année. Si les enseignes de la grande distribution sont les plus présentes dans le paysage, l'achat en ligne semble traduire de plus en plus « des attentes de local, de proximité et de circuits courts ». 84 % des Français interrogés estiment ainsi que les producteurs sont légitimes pour se lancer dans la vente sur internet. Et s'ils expriment une certaine sensibilité au prix, celle liée à la qualité des produits s'est considérablement renforcée : « Les cyberachats en direct producteur ou via des formules d'achats groupés sont avant tout justifiés par la recherche d'une expérience de consommation plus qualitative, en particulier l'attente d'y trouver des produits d'une plus grande qualité. La motivation symbolique que nous appelons “conscience écocitoyenne”, qui porte sur le désir de bénéficier de produits plus respectueux de l'environnement et la volonté de soutenir les petits producteurs par esprit de solidarité, est le second levier qui motive les comportements d'achat. »
Les paysans intéressés doivent-ils malgré tout craindre la concurrence des autres acteurs du e-commerce, spécialistes des ventes privées (Amazon, vente privée...), des formules par abonnement (box...) ou même des GMS ? Pas sûr. La diversité des motivations dont témoignent les personnes interrogées confirme une complémentarité des propositions. La diversité serait donc une force. A condition de se faire connaître, car seulement 13 % des Français disent avoir fréquenté un site « direct producteur » au cours des derniers mois...
Il reste que ces propositions de vente directe, ou via des plateformes transparentes jouant sur l'identité fermière, présentent le plus fort potentiel de développement : près de 25 % des non-acheteurs déclarent vouloir expérimenter ce type de circuit dans les prochains mois, contre moins de 13 % pour les sites de grandes surfaces ou les formules collaboratives). Le taux d'intention d'achat atteint 33 % dans le Grand Ouest !