Les boues produites par les stations d'épuration des eaux usées contiennent des quantités significatives de bactéries Escherichia coli multirésistantes aux antibiotiques, produisant une enzyme (bêta-lactamase à spectre étendu ou BLSE) capable de dégrader les pénicillines les plus récentes, enseigne une étude du Centre hospitalo-universitaire de Besançon (Doubs) publiée dans le dernier numéro de la revue américaine Clinical Infectious Diseases.
Selon les auteurs, ces bactéries résistantes aux antibiotiques représentent, à l'heure actuelle, un problème majeur de santé publique. La flore intestinale de 5 à 10 % de la population humaine contient ces E. coli producteurs de BLSE. Il est ainsi normal de retrouver ces bactéries dans les eaux usées. Ces bactéries multirésistantes sont également présentes dans de nombreuses espèces animales ainsi que dans certains produits alimentaires (viande, légumes). « Les déterminants de la diffusion de ces souches demeurent mal connus et notamment le rôle potentiel de leur dissémination environnementale », résument les auteurs de l'étude.
A l'entrée de la station d'épuration de Besançon, 0,3 % des souches de E. coli ont des bêta-lactamases à spectre étendu. Si le traitement de l'eau par la station d'épuration réduit considérablement la quantité d'E. coli (de l'ordre de 95 %), il y a toutefois un enrichissement relatif des souches multirésistantes aux antibiotiques. Chaque jour, 600 milliards d'E. coli multirésistantes sont rejetées dans le Doubs et chaque gramme de boue activée épandue comme fertilisant contient 260 millions de ces bactéries.
« La contribution de ces rejets environnementaux dans l'épidémiologie globale des E. coli producteurs de BLSE et notamment dans l'acquisition communautaire de ces souches n'est pas démontrée. Toutefois, la mise en place de systèmes permettant de contrôler le rejet de ces bactéries multirésistantes, qui doivent être considérées comme des polluants, est à envisager dans le futur. »