Le Conseil national de l'alimentation (CNA) « exprime des réserves » au sujet d'une éventuelle autorisation des protéines animales transformées (PAT, ex-farines animales) dans l'alimentation des porcs, des volailles ou des poissons. Il emboîte ainsi le pas à l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).
Dans un avis rendu adopté le 1er décembre, le CNA « exprime des réserves à toute autorisation nouvelle, tant que des méthodes d'analyse adaptées ne sont pas disponibles et que les filières de fabrication des aliments pour animaux ne garantissent pas des circuits liés aux PAT par espèce, sous contrôle étroit des pouvoirs publics ».
Le CNA « prend néanmoins en compte l'intérêt éventuel de l'autorisation des PAT, si ces questions préalables sont résolues, compte tenu de leurs avantages nutritionnels, ainsi que des conséquences économiques et environnementales potentielles liées à leur usage, que le CNA recommande d'évaluer plus en détail sans délai.
Les distorsions économiques éventuelles entre les filières d'élevage françaises et européennes et celles des pays tiers, du fait des interdictions, doivent notamment être soulignées. Par ailleurs, les réticences actuelles des consommateurs et de certains acteurs économiques sont déterminantes », estime le CNA dans un communiqué diffusé vendredi.
Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture et de l'alimentation, a réitéré, vendredi dans un communiqué, « son opposition à toute évolution de la réglementation sur l'alimentation des animaux. » En juin dernier, il avait affirmé : « Tant que je serai ministre de l'agriculture, les farines animales ne seront pas réintroduites en France. J'en prends l'engagement. »
Tirant les conséquences de la quasi-disparition de la « vache folle » dans l'UE (67 cas en 2009 contre 2.167 en 2001), la Commission européenne avait proposé, le 16 juillet 2010, dans sa « feuille de route » n° 2 pour les encéphalopathies spongiformes transmissibles (EST), de réévaluer la réglementation afférente. En particulier, elle envisageait un retour graduel des farines animales (rebaptisées PAT) dans l'alimentation des non-ruminants, pourvu que celui-ci soit assorti d'une interdiction du recyclage intra-espèce.
Créé en 1985, le CNA est une instance consultative interministérielle placée auprès des ministres chargés de l'Agriculture, de la Santé et de la Consommation.
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