Le secrétaire d'Etat français au Commerce extérieur, Pierre Lellouche, a appelé le Japon à ouvrir ses frontières aux produits alimentaires français, condition pour que Paris soutienne la conclusion d'un accord de libre-échange entre le Japon et l'Union européenne.
« Il serait bien que les Japonais puissent avoir accès aux produits français. J'aimerais bien qu'on puisse vendre du bœuf français au Japon, (...) du jambon, du saucisson... Pour l'instant, c'est très difficile, parfois impossible, à cause de barrières tarifaires et non tarifaires », a déclaré M. Lellouche lors d'un discours à l'ambassade de France.
Le secrétaire d'Etat a effectué une visite de trois jours dans l'archipel à l'occasion du salon international des produits alimentaires Foodex à Chiba (région de Tokyo), au cours duquel il a lancé pour la première fois à l'étranger la campagne de promotion de la gastronomie française « So French, So Good ».
M. Lellouche a rencontré plusieurs responsables nippons.
« On a essayé de convaincre le gouvernement japonais d'ouvrir ses frontières aux produits agroalimentaires français. Pour nous, c'est la condition à un accord de libre-échange, que nous souhaitons par ailleurs, entre l'Union européenne et le Japon », a-t-il prévenu.
Le Premier ministre japonais Naoto Kan a proposé aux dirigeants européens d'entamer dès ce printemps des négociations formelles en vue de conclure un tel accord, mais les Européens posent des conditions : « Nous attendons des gestes politiques de la part du gouvernement japonais », a expliqué M. Lellouche, lors d'une conférence de presse vendredi, évoquant notamment « la réciprocité en termes d'accès aux marchés publics ».
« Aujourd'hui, des compagnies japonaises sont en train de négocier des contrats ferroviaires très importants dans un grand pays européen, ce serait bien de pouvoir faire la même chose au Japon pour nos compagnies », a estimé le secrétaire d'Etat.
Le groupe nippon Hitachi est en pourparlers avec les autorités britanniques pour la fourniture de 500 wagons, un contrat estimé à 4,5 milliards de livres (environ 5,3 milliards d'euros).
M. Lellouche a noté que l'entrée des entreprises ferroviaires allemandes ou françaises sur le marché nippon était empêchée par des conditions de sûreté japonaises jugées excessives par les Européens, qui y voient une « barrière non tarifaire ».
« Il ne peut pas y avoir de libre-échange lorsqu'il y a des situations d'embargo de facto sur des pans entiers de l'activité économique », a ajouté le secrétaire d'Etat.
Concernant le problème spécifique des produits alimentaires français, il a déploré qu'ils ne représentent que 1 % du marché japonais et 6,4 % du marché mondial contre 9 % il y a dix ans. « Les Allemands nous sont passés devant », a-t-il dit, en reconnaissant que la filière agroalimentaire française devait elle aussi faire des efforts de promotion.
La charcuterie allemande, espagnole et italienne est en vente dans les supermarchés au Japon, mais celle produite en France est quasi introuvable.
« Regardez l'écart entre 100.000 tonnes de cochon danois contre 7.000 tonnes de cochon français » vendues à l'étranger, a-t-il donné en exemple. « J'aimerais qu'on m'explique en quoi les Danois sont plus malins que les Français. Ils sont organisés, c'est tout ! »