Le Parlement européen a voté, mercredi, à une large majorité (559 voix « pour », 54 « contre », 32 abstentions) en faveur de la mention obligatoire, sur les étiquettes des aliments, de l'origine géographique de tous les types de viandes et de produits laitiers.
Les discussions pour imposer un étiquetage nutritionnel unique pour les aliments et les boissons non alcoolisées vendus dans toute l'UE ont donné lieu à des débats passionnés entre les eurodéputés.
La balle est toutefois dans le camp des gouvernements des Etats membres qui pousseront leurs propres amendements. Le Parlement européen s'attend ainsi à devoir examiner le texte en seconde lecture. Une fois la loi adoptée, l'industrie alimentaire aurait de trois à cinq ans pour s'y conformer, selon le projet de règlement issu du vote final en première lecture au Parlement.
L'indication géographique est actuellement obligatoire en Europe pour le bœuf non transformé (conséquence de la crise de la vache folle), le poisson, les fruits et les légumes frais, les œufs, le miel et le vin.
Mercredi, les eurodéputés ont notamment décidé d'allonger la liste à tous les types de viande et aux produits laitiers, ainsi qu'à tous les aliments composés d'un seul ingrédient.
Les parlementaires européens veulent aussi que l'origine de la viande et du poisson soit indiquée pour des produits transformés, mais à l'issue d'une étude sur le coût économique de la mesure.
Selon leurs vœux, l'étiquetage des viandes devra mentionner où l'animal est né, élevé et tué. L'abattage d'animaux sans les étourdir au préalable (comme l'exigent certaines traditions religieuses musulmanes ou juives) devra également être signalé.
Glenis Willmott, eurodéputée socialiste britannique, a salué « une victoire importante pour les agriculteurs et les consommateurs qui veulent savoir précisément d'où vient leur nourriture ».
La Commission européenne – qui initie les textes législatifs – a toujours jugé inutile de généraliser l'indication de l'origine des aliments, de peur d'entraver les échanges.
Pour le Parlement européen, la future étiquette alimentaire devrait préciser cinq valeurs nutritionnelles : énergie pour 100 grammes ou 100 millilitres, teneurs en glucides avec une référence aux sucres, lipides, acides gras saturés et sel.
Le Parlement a demandé la mention des teneurs en protéines et en fibres. Mais il souhaite notamment exempter de toutes ces règles d'étiquetage les produits frais non pré-emballés, comme la viande vendue chez un boucher.
Les boissons alcoolisées ne sont pas non plus concernées, contrairement aux « alcopops », des boissons sucrées alcoolisées destinées aux jeunes.
En revanche, l'idée d'un code de couleurs – indiquant, à la manière d'un feu de circulation (vert, jaune, rouge) le niveau de sel, sucre ou matières grasses –, a été rejetée avec une forte majorité. Elle était poussée par les socialistes et les Verts, à la recherche d'un indicateur simple.
« La base d'un régime alimentaire équilibré, c'est un régime varié. Ce code de couleurs aurait eu pour conséquence de stigmatiser certaines denrées », a objecté la conservatrice française Françoise Grossetête.
Il s'agissait de l'un des chevaux de bataille du Bureau européen des unions de consommateurs (Beuc). Ce code de couleurs était pourtant plébiscité par les consommateurs et les médecins, a argumenté le Beuc, qui a dénoncé « la pression de l'industrie alimentaire ».
Celle-ci, par le biais de la CIAA, s'est réjouie de l'abandon du code de couleurs. En revanche, elle s'est inquiétée de l'extension à de nouveaux aliments de la mention obligatoire de l'origine géographique.
Le Parlement européen souhaite en outre que « les bienfaits pour la santé proclamés par certains produits (du type yaourt aux principes actifs, etc.) continuent à être soumis à l'étude et à la validation de l'Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) », avant de pouvoir les annoncer sur leurs emballages ou dans des publicités.
De plus, les eurodéputés notent que certains produits (par exemple des flocons de céréales) « font valoir que leur utilisation prolongée peut entraîner une perte de poids et que ce type de marketing peut induire le consommateur en erreur ». Ils estiment donc normal « que ces informations soient accompagnées d'un plan diététique expliquant dans quelles conditions les résultats revendiqués peuvent être atteints ».