Le directeur général de Sodiaal, Claude Sendowski, explique dans un entretien au quotidien Le Figaro que la coopérative est prête à reprendre seule Entremont.
« Les pourparlers ouverts à la fin d'août en vue d'un mariage entre la coopérative Sodiaal et Unifem, société de contrôle d'Entremont détenue à 63,5 % par le holding d'Albert Frère, n'ont pas abouti, explique notre confrère du Figaro dans son édition de lundi. Sodiaal propose donc de reprendre Entremont seul ».
Claude Sendowski explique que « le système de gouvernance sera plus simple et plus fluide avec des actionnaires coopératifs uniquement, qu'avec un mélange de coopérateurs et d'actionnaires financiers ».
Quant à la capacité financière pour le groupe coopératif d'absorber un tel rachat, son directeur affiche son optimiste. « Depuis quatre ans, Sodiaal s'est réorganisé pour atteindre une taille critique sur ses différents métiers, explique-t-il. Nous sommes prêts pour une opération de grande envergure et suffisamment forts pour entreprendre seuls l'opération Entremont. »
Il se refuse à détailler les propositions de reprise faites à Unifem, tout en précisant que « Sodiaal propose d'apporter des fonds propres » et que « notre offre est ferme, sous condition de renégociation de la dette » avec les banques.
Objectif : créer un pôle coopératif puissant, réalisant 4 milliards d'euros de chiffre d'affaires, qui sera le quatrième pôle de collecte européen, avec 4 milliards de litres de lait. « Outre Lactalis, nous serons le seul groupe multimétier du lait en France, présent sur le lait en bouteille et en poudre, les fromages, les yaourts, le beurre et le sérum. Cela nous donnera la capacité de mieux traverser les crises. »
Concernant les producteurs laitiers livrant à Entremont, ils pourront devenir coopérateurs. « Les 9.000 producteurs de lait détenteurs du capital de Sodiaal Union, et tous ceux qui le souhaitent parmi les 6.000 producteurs de lait qui livrent Entremont, détiendront le capital d'un nouveau holding industriel, Sodiaal SA. Cette dernière portera les participations dans Candia, Yoplait et Entremont et nos autres filiales. »
« Il y a un investissement de l'ordre de 2.000 euros par an sur cinq ans pour un producteur moyen, ce qui lui permet de devenir actionnaire de Sodiaal, cet investissement, plus intérêts, étant récupéré à terme. Il ne s'agit en aucun cas d'un ticket d'entrée. »
Le lait sera payé au « même prix que les coopérateurs de Sodiaal et que les producteurs de Lactalis et Bongrain », soit « une hausse significative, comprise entre 8 et 10 % en moyenne sur 2010 ».
Rappelant l'importance de la maîtrise des volumes produits et du prix du lait, Claude Sendowski annonce également que « Sodiaal va tester cette année un système de régulation avec un double prix ».
« Notre projet de reprise d'Entremont est structurant pour la filière laitière française, qui serait constituée de deux pôles, précise-t-il. D'une part, un puissant pôle privé, mené par Lactalis. D'autre part, avec Sodiaal, un grand acteur de nature coopérative, qui permettrait de maintenir l'équilibre de la filière. Les zones de collecte de lait de Sodiaal sont très complémentaires de celles d'Entremont, majoritairement en Bretagne. Il faudra bien entendu des réorganisations pour améliorer la compétitivité de l'outil industriel. […] Nous trouverons des synergies au niveau des achats, et il y a une marge de manœuvre pour des progrès logistiques. »
Il affirme qu'il n'est pas question de céder certaines activités du fromager. Cependant, « nous pourrions étendre nos partenariats industriels et capitalistiques, ce que nous faisons déjà à travers des filiales que nous codétenons avec des partenaires ».
Et malgré ce rachat, Claude Sendowski estime que le groupe ne perd pas la capacité à reprendre également les 50 % de Yoplait détenus par le fonds PAI.