François Hollande a profité d'un déplacement en Lorraine, lundi, pour proposer une « expérimentation » de l'écotaxe en Alsace-Lorraine, deux Régions favorables au dispositif abandonné au niveau national.
« Je sais ce que supportent ces deux Régions (l'Alsace et la Lorraine, ndlr) avec le trafic de poids-lourds en provenance de l'étranger. Il y aura donc discussion. [...] Une expérimentation peut être envisagée si les élus en décident et si elle est compatible avec nos engagements européens », a déclaré le président dans un entretien au Républicain lorrain et à l'Est républicain paru le 24 novembre 2014.
En octobre, le gouvernement avait reporté sine die la mise en place de l'écotaxe, l'une des mesures phares du Grenelle de l'environnement, en raison notamment d'une forte opposition des transporteurs routiers. L'Etat a ensuite résilié son contrat avec la société privée Ecomouv', qui devait se charger de mettre en œuvre et de collecter cette taxe sur les poids-lourds.
L'écotaxe allemande pèse sur le trafic
L'Alsace notamment avait plaidé, dès 2005, pour expérimenter une taxe sur les poids-lourds sur son territoire, pour éviter un surplus de trafic de transit sur son axe nord-sud après la mise en place d'une taxe similaire par l'Allemagne voisine. L'idée d'une telle contribution avait été finalement reprise pour l'ensemble du territoire français lors du Grenelle de l'environnement en 2007.
« On peut réfléchir » à une expérimentation régionale « parce qu'on a toujours ce différentiel de trafic avec l'Allemagne », a déclaré lundi à l'AFP Philippe Richert (UMP), le président de la Région Alsace. Cependant, « l'introduire maintenant alors que l'ensemble du pays est en crise, que nos transporteurs sont dans une situation délicate, ça me paraît un peu compliqué », a-t-il estimé. Il faudrait également repenser les modalités de cette taxe et clarifier le futur territoire où elle s'appliquerait, alors que l'Alsace doit fusionner avec la Lorraine et la Champagne-Ardenne. Cela impliquerait aussi de transférer aux Régions la compétence des routes nationales et « regarder comment l'Etat accompagne ce transfert en termes de moyens », selon M. Richert.
« On est prêt à se mettre autour d'une table pour regarder les conditions de faisabilité de cette suggestion du président de la République. Ne perdons pas de temps, mettons-nous au travail », a réagi son homologue lorrain, Jean-Pierre Masseret (PS), indiquant avoir brièvement évoqué le sujet avec le chef de l'Etat lundi. « Il faut regarder dès maintenant le cadre juridique à partir duquel il serait possible d'agir, mais cela suppose une évolution législative, des vérifications à faire avec le cadre européen », dans laquelle une telle expérimentation pourrait s'inscrire, a-t-il précisé.