L'« économie circulaire » n'est plus seulement un concept théorique : les deuxièmes assises de l'économie circulaire, qui se tenaient à Paris les 16 et 17 juin, ont montré que le monde agricole s'est déjà emparé du sujet. L'idée, pas neuve, consiste à réduire la pression sur la planète par une meilleure gestion des ressources et des déchets (un déchet pouvant très bien, dans une logique circulaire, être vu et valorisé comme un ressource). Avec trois points d'entrée : l'offre des acteurs économiques, le comportement des acheteurs-consommateurs, et la gestion des déchets et des ressources.
Invitée à appliquer le concept au monde agricole, Marion Guillou, ancienne présidente de l'Inra et présidente d'Agreenium, a expliqué que le propre de l'économie circulaire est de « considérer le système dans son ensemble, comme une filière globale du champ à l'assiette ». « Disons plutôt de l'assiette au champ », a rétorqué Hubert Garaud, président de la coopérative Terrena. « Si l'on propose un produit qui ne correspond pas aux attentes du consommateur, on fait une erreur ! »
Une « nouvelle agriculture »
La démarche, engagée par la coopérative afin d'impulser un changement de pratiques dans les exploitations de ses quelque 22.000 adhérents, repose sur une approche pragmatique, a expliqué son président : « Les solutions doivent permettre de réduire le recours aux intrants non renouvelables, être économique pour le producteur et être perçues par le consommateur comme bénéfiques pour lui ». Lui-même met en œuvre une quinzaine de « solutions » sur son exploitation laitière, de la culture de légumineuses à la couverture des sols en passant par le pilotage de la ration du troupeau... « Notre démarche Agri CO2 a été reconnue par l'Ademe et donné naissance à sept fiches-actions : haies, alimentation du troupeau, écoconduite, etc. Grâce à la mise en œuvre de ces actions, nous avons économisé 8.000 teq CO2 au niveau de la coopérative Terrena ! » Les produits issus de cette « nouvelle agriculture » font l'objet de contrats d'approvisionnement avec certains distributeurs et d'un marketing spécial auprès des consommateurs.
Du déchet à la plante aromatique
De l'assiette au champ, c'est aussi dans ce sens que Mathieu Orphelin, vice-président de la Région Pays de la loire, entend faire bouger les choses. Mais en faisant évoluer le contenu de l'assiette. En commençant par les 15 millions de repas qui sont servis chaque année dans les lycées publics de la région. « L'essentiel est la formation », martèle-t-il. Celle des équipes de cuisine : aujourd'hui, un quart des formations dispensées dans la Région concerne l'alimentation « alternative », pour ne pas dire écologique. L'idée étant que « le bio, ce n'est pas que pour les bobos ». Puis vient l'éducation des lycéens : aux équipes de cuisine d'expliquer que tel fruit bio est moins beau mais sans pesticide... « Il faut qu'un produit soit proposé au moins cinq fois avant de devenir un best-seller », affirme Mathieu Orphelin. En travaillant sur la réduction du gaspillage et en proposant certains jours des repas « alternatifs » sans viande (à côté des plats avec viande), les cantines réalisent des économies qui sont réinvesties pour acheter des produits de meilleure qualité à coût global équivalent. « Nous sommes persuadés que plus de qualité et plus de local, c'est l'avenir ! » Certains lycées vont même plus loin dans la « circularité » en compostant leurs déchets et en utilisant le compost pour faire pousser des herbes aromatiques, utilisées dans la cuisine.