Une nouvelle étude américaine utilisant les données du projet Grace (Gravity recovery and climate experiment) publiée le 29 mai 2012 dans une revue de l'académie des sciences américaine alerte sur l'importance de pratiques d'irrigation durables des cultures aux USA dans les hautes plaines et dans la Central Valley californienne, deux des principales régions agricoles nord-américaines.
Sans cela, le risque est de voir la sécurité alimentaire du pays gravement remise en cause, menacée par l'épuisement des réserves d'eaux souterraines.
L'étude donne une image temporelle et spatiale très précise de l'épuisement des eaux souterraines dans ces deux régions américaines qui ont produit ensemble pour près de 56 milliards de dollars de denrées agricoles en 2007 – soit une grande partie de la production alimentaire des Etats-Unis. Elles sont également responsables pour moitié de la diminution du niveau des eaux souterraines aux États-Unis, principalement à cause de l'irrigation des cultures, indiquent les chercheurs.
Les chercheurs de l'Université du Texas espèrent que ces observations conduiront à une utilisation plus durable de l'eau dans ces zones, bien qu'ils soient conscients de l'impossibilité de trouver des solutions durables en matière d'irrigation dans certaines parties de ces régions agricoles, comme dans la partie sud des hautes plaines.
Des phases de sécheresses répétées et une urbanisation croissante dans ces zones ne peuvent qu'aggraver l'état des nappes phréatiques, alertent les chercheurs.
De cette nouvelle étude américaine ressortent trois résultats qui interpellent.
Lors de la vague récente de sécheresse qui a touché la Central Valley en Californie entre 2006 et 2009, les agriculteurs du sud auraient appauvri les eaux souterraines du volume nécessaire pour remplir le plus grand réservoir artificiel des USA, le lac Mead près de Las Vegas. Autant dire à un niveau de prélèvement supérieur aux taux de recharge actuels des nappes aquifères, rien de bien durable donc.
Autre constat : dans les hautes plaines, un tiers de l'épuisement des eaux souterraines se produit dans seulement 4 % de la superficie de cette région.
Et si les tendances actuelles se poursuivent, les chercheurs craignent également que dans certaines zones du sud des hautes plaines, comme dans le nord du Texas (région du Panhandle) ou dans l'ouest du Kansas, tout recourt à l'irrigation des cultures deviennent tout simplement impossible d'ici à quelques décennies.
Les chercheurs avancent quelques propositions pour rendre plus durables les pratiques d'irrigation sur les cultures dans ces zones, comme remplacer les systèmes d'irrigation par submersion (utilisés sur environ la moitié des cultures) par des systèmes d'irrigation par aspersion et de goutte-à-goutte plus efficaces, tout en développant la pratique des retenues collinaires (groundwater banking).
Mais les chercheurs ne s'attendent pas à ce que toutes ces positions techniques plus économes en eau d'irrigation résolvent le problème de la ressource en eau dans ces régions. Il faudra passer des cultures irriguées comme le maïs aux cultures non irriguées telles que le sorgho, ou aux pâturages, conseillent-ils. Avec l'impact économique que ces transitions peuvent avoir, les cultures non irriguées produisant environ moitié moins que les cultures irriguées.