Le parti conservateur allemand de la chancelière Angela Merkel (la CDU) a adopté lundi une motion appelant à la mise en place d'un salaire minimal négocié par les partenaires sociaux dans chaque branche.
« Nous voulons un seuil limite en dessous duquel un salaire ne peut pas tomber dans les secteurs où il n'existe pas d'accord entre partenaires sociaux », a justifié la chancelière.
Bernd Maiweg, responsable de la branche de la viande au NGG, syndicat allemand de l'industrie agroalimentaire, se méfie de l'intérêt électoral de cette telle annonce : « La mise en place d'un salaire minimum en Allemagne ne sera pas réalisable tant qu'Angela Merkel restera en coalition avec les libéraux. Ou alors, il sera à un niveau tellement faible, peut-être à deux euros de moins par heure qu'en France, qu'il ne réglera pas les situations inacceptables que connaissent certains salariés, notamment dans le secteur de la viande. »
« Ce serait pourtant une première étape importante pour résoudre les problèmes de dumping social que connaît l'Allemagne, a estimé Bruno Vannoni, secrétaire national à la FGA-CFDT, à l'occasion d'une conférence de presse organisée mardi. Il faudrait définir un niveau correct de salaire minimum, d'au moins 8,50 € de l'heure. »
Depuis deux ans, son syndicat et le NGG, au sein de la Fédération européenne des syndicats de l'alimentation (l'Effat), luttent contre « la politique de dumping social organisée par un certain nombre d'entreprises et d'intermédiaires frauduleux employant une importante main-d'œuvre d'Europe de l'Est ».
Absence de convention collective nationale
Les chiffres dans le secteur de la viande en Allemagne ont de quoi inquiéter. Seuls 10 % des salariés des principales entreprises d'abattage occuperaient des emplois permanents, les 90 % restants étant des étrangers, pour la plupart polonais ou roumains, embauchés par des prestataires de services.
Or, ces prestataires interviennent dans le cadre de la directive européenne sur le détachement, qui prévoit, en guise de protection des salariés migrants, leur rattachement à la convention collective nationale du pays d'accueil.
« Mais il n'en existe pas en Allemagne, a expliqué Barbara Binder, secrétaire fédérale à la FGA-CFDT, en charge des questions de migrations. Cette directive y est donc inopérante, et on constate de nombreux abus : main-d'œuvre payée à trois ou quatre euros de l'heure, logements dans des dortoirs insalubres, isolement des travailleurs... Attention aux conséquences d'une telle situation qui pourrait entraîner l'Europe dans une spirale descendante ! »