Les syndicats de salariés ont affiché leur déception après avoir pris connaissance des offres de reprise du groupe Doux déposées vendredi.
Les syndicats CGT du groupe Doux (les unions départementales et la Fédération nationale agroalimentaire) ont déploré, dans un communiqué, que « les offres de reprise poursuivent le processus de dépeçage du groupe ». « On ne pouvait rien attendre d'autre d'un "tribunal des affaires" qui juge en fonction d'intérêts capitalistes bien compris. Ainsi les LDC, Duc et autres font-ils leur marché pour s'accaparer ce qui les intéresse dans leur recherche de profits immédiats (..) Peu importe les centaines de salariés laissés à l'abandon et promis au chômage, à la précarité, à la misère ».
Selon le syndicat, « le gouvernement a l'obligation politique et le devoir moral d'arrêter ce massacre en contestant la décision du tribunal de Quimper. La mise sous tutelle publique revendiquée par la CGT permettrait la construction d'une solution pérenne pour l'avenir du groupe et de la filière avicole française afin d'éviter cette catastrophe sociale et économique pour l'ensemble de la filière et des territoires.
De son côté, la déléguée centrale Force Ouvrière de Doux, Nadine Hourmant, a évoqué « un massacre ». « On ne prend pas en considération le volet social. Tout ce qui intéresse les repreneurs, ce sont les sites. Même parmi ceux qui sont repris, il y aura des licenciements, des plans de sauvegarde de l'emploi », a-t-elle regretté.
Pour Jean Luc Guillard, de la CFDT, « ces offres sont vraiment a minima. Socialement, la facture est trop lourde. Nous sommes déçus, on pensait qu'il y aurait davantage d'emplois sauvés. A partir de septembre, Doux va s'appeler Pôle Emploi ».
La représentante CFTC de l'abattoir de Blancafort (Cher), Françoise Lavisse, a regretté qu'« il n'y a, pour l'instant, pas d'offre pour le site de Blancafort. Nous sommes les grands délaissés de la filière (..) Aujourd'hui, j'ai beaucoup de mépris pour Charles Doux qui a toujours privilégié l'export et le surgelé en raison de l'argent que lui donnait Bruxelles (..) Il n'a mis en place aucune stratégie pour protéger les sites de frais, poulet ou dinde. Il n'y a jamais eu d'investissement sur les sites ou de recherches de marchés. Peut-être était-ce étudié en vue de la liquidation judiciaire et de l'abandon du frais », a-t-elle dit.
Pascal Margerin, maire (PS) de Blancafort (1.200 habitants) évoque « l'abattement, le désespoir (...) Pourquoi Blancafort est-il complètement abandonné ? (..) Il y avait une offre de reprise globale (celle du consortium Sofiprotéol, ndlr). Le tribunal de commerce de Quimper et le procureur ont préféré une offre financière (celle du groupe Doux et de la banque Barclays). Au final, on va s'apercevoir que la proposition de Barclays va laisser plus de monde sur le carreau. Je n'ai rien contre les Bretons, mais je regrette aussi que cette décision ait été prise en Bretagne pour un industriel breton », a-t-il ajouté.