Dépasser les clivages et réunir tous les acteurs du champ à l'assiette : telle est l'ambition du deuxième Open Agrifood qui, dans un climat tendu suite aux attentats, a réuni un peu moins de monde que l'an passé à Orléans.
Xavier Beulin déclarait à l'ouverture des débats : « dans ce contexte d'horreur, il est primordial d'obtenir un accord contraignant pour la Cop21 et une réponse pour l'alimentation des pays du sud. Ces deux conditions peuvent pacifier le monde et donner de l'espoir aux générations futures. Par la connaissance et une adaptation fine à chaque situation, nous aurons la capacité de nourrir correctement la planète. »
Rassemblés sous le titre « A table citoyen ! », les conférences et ateliers tournaient autour des thèmes de santé, naturalité, développement responsable. Avec des exemples concrets à l'appui : la « foodbank » égyptienne lutte de multiples façons pour réduire le gaspillage alimentaire du pays (rappel : dans le monde, plus du tiers des aliments produits sont perdus). Elle propose aux hôtels de ne pas jeter les aliments sains non consommés, cultive en ville sur les toits, dispose de trois fermes... et fournit des millions de repas aux familles déshéritées. 17 autres foodbanks ont été créées à son image dans des pays déshérités.
Autre idée du côté de l'Irlande, valoriser la plupart des produits de l'agroalimentaire exportés en s'appuyant sur l'image verte de l'Irlande. Lancé en 2008, le label « origin green » est apposé déjà sur 85 % des exportations agroalimentaires irlandaises.
De multiples innovations encore au stade de la recherche ont aussi été évoquées : projets autour des légumineuses, des protéines végétales, des initiatives autour de la performance énergétique de la filière agroalimentaire (bière locale dans le Nord), initiatives pour des transports plus propres, etc. Respectant l'objectif de cette manifestation : être une force de propositions pour une agriculture, une alimentation et une distribution responsables.
« Des économies à la marge » (Confédération paysanne)
Les objectifs affichés d'Open Agrifood laissaient dubitative la Confédération paysanne qui manifestait à l'ouverture des conférences : « nous partageons certains des thèmes abordés dans plusieurs ateliers. Mais nous n'y voyons ni les mêmes causes, ni ne proposons les mêmes solutions. Nous sommes pour la lutte contre le gaspillage. Mais ce qui est proposé, ce sont des économies à la marge pour pérenniser le modèle de l'agriculture industrielle destructrice d'emplois. Nous défendons des exploitations à taille raisonnable qui favorisent l'emploi. Xavier Beulin et l'agro-industrie agissent parce qu'il faut adapter leur modèle à cause des problèmes d'environnement et du changement climatique. Mais leur agriculture industrielle est à l'origine de ce changement », estimait Gilles Menou, représentant de la Confédération paysanne.