Plusieurs centaines d'éleveurs de porcs des départements du grand Ouest ont bloqué mardi pendant plusieurs heures les principaux accès à Rennes avec des barrages filtrants, pour alerter l'opinion sur la grave crise qui les touche.
Les manifestants - un millier selon la police, quelque 3.000 selon les éleveurs - ont installé en fin de matinée des barrages filtrants sur les principales voies d'accès de la périphérie de Rennes avant de les lever en milieu d'après-midi.
Cette manifestation vise à demander «un plan de sauvegarde pour la production porcine française», a indiqué Jeff Trebaol, vice-président de la Fédération nationale porcine (FNP), qui a estimé les aides actuelles ou prévues «insuffisantes».
Le secteur risque de perdre 15.000 emplois, a précisé Carole Joliff, responsable nationale des Jeunes Agriculteurs (JA) en charge du dossier porc, qui dit perdre 40 euros par porc produit sur son exploitation des Côtes-d'Armor.
Les producteurs, qui doivent être reçus jeudi par le ministre de l'Agriculture Michel Barnier à Paris, en ont également appelé au président Nicolas Sarkozy, à la veille de l'ouverture samedi du Salon de l'agriculture.
«Monsieur Sarkozy inaugure le Salon. Ce serait bien qu'il passe voir le secteur de production en grave crise qu'est le porc», a souligné Jean-Michel Serres, président de la FNP, à l'issue d'une rencontre avec le préfet de région Jean Daubigny.
Les éleveurs de la FNSEA demandent une augmentation des aides européennes à l'exportation, un mécanisme pour «répercuter les hausses des matières premières» et la suppression des distorsions de concurrence au sein de l'Union européenne (UE) et entre l'UE et les autres pays producteurs du monde.
Les producteurs veulent ainsi pouvoir «utliser les graisses animales dans l'alimentation des porcs» comme c'est le cas, selon la FNSEA, dans les autres pays de l'UE, et obtenir l'agrément en Europe de certains sojas OGM, utilisés notamment aux Etats-Unis, a précisé M. Serres. Ils demandent en outre à la grande distribution de mieux répercuter la baisse des prix du porc.
Selon M. Trebaol, la filière porcine française perd actuellement quelque 750 millions d'euros par an sur un chiffre d'affaire de 3,5 milliards, du fait de l'explosion des prix de l'alimentation et d'une baisse des cours du porc, liée notamment à un euro fort, qui favorise la concurrence mondiale.
Il a chiffré à 500 millions d'euros les pertes liées à la hausse des matières premières servant à l'alimentation des porcs et à 250 millions celles imputables à la baisse des cours.
A l'automne, les éleveurs avaient déjà manifesté pour alerter les pouvoirs publics sur «une crise sans précédent» de la filière porcine, alors que Bruxelles accroît par ailleurs sa pression sur la France pour qu'elle réduise les pollutions agricoles dont les élevages sont responsables.
Les régions Bretagne, Pays de la Loire et Basse-Normandie produisent à elles seules 70% des porcs français.