«Ras le bol», les agricultrices du Finistère en ont ras le bol. Sur les exploitations, ce sont elles qui tiennent les comptes et elles tirent la sonnette d’alarme.
«Nous devons faire vivre nos familles. Ce n’est pas possible de continuer à travailler sans rien gagner, affirme Catherine Kervran, productrice de lait à Plourin-lès-Morlaix (Finistère), l’une des chevilles ouvrières du mouvement. Nous aimons notre métier, nous en sommes fières. Nous ne voulons pas être la variable d’ajustement, avoir à aller travailler à l’extérieur pour joindre les deux bouts.»
La contestation a démarré à la fin de 2008. Le bouche-à-oreille faisant, en trois jours, une centaine d’agricultrices – toutes productions confondues – se sont retrouvées à Morlaix pour bloquer la gare. Le collectif des agricultrices en colère était lancé: un groupe informel, sans étiquette. A l’époque, le débat portait sur la transparence des marges, aujourd’hui c’est le prix du lait qui est sur le devant de la scène.
Comme d’autres, Catherine Kervran a participé à la grève du lait. «J’ai jeté 12.000 litres de lait», déclare-t-elle, alors que son exploitation est dans le rouge et qu’elle va déposer un dossier RSA (revenu de solidarité active).
«La politique franco-française, ça suffit. Nous voulons une régulation européenne.» Le collectif dénonce également «l’interprofession qui amasse des cotisations» sans bien savoir à quoi cet argent peut servir.
Elles ont été reçues par le maire de Morlaix, le sous-préfet, le préfet, le Draf (directeur régional de l'agriculture). Peu à peu, le collectif obtient une certaine reconnaissance. Mais cela ne suffit pas pour les «Penn Kalet» (1) comme elles aiment à s’appeler désormais.
«Il faut que les choses bougent. Le monde agricole souffre.» Elles attendent la réunion du 5 octobre 2009. «Nous sommes prêtes à nous mobiliser de nouveau s’il le faut. Nous songeons à un grand rassemblement réunissant femmes et enfants. L’idéal serait que tous les départements en France se mobilisent le même jour.» L’appel est lancé.
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(1) «Têtes dures» en breton, à l’instar du combat mené par les «Penn Sardines», les sardinières de Douarnenez en 1924.