A l'issue de son conseil d'administration, l'Association des producteurs de lait indépendants (Apli) a réaffirmé son « opposition à la politique laitière actuelle, ultra-libérale, qui affirme qu'il faut laisser faire le marché, qui encourage les exportations dans un marché déprimé et donc la production d'excédents ». Et ce, alors que « la pression sur les producteurs laitiers s'est accrue ». « La trésorerie n'est plus là et le moral est en train de partir. Il y a des drames qui se déroulent dans les campagnes. Attention aux réactions de gens qui n'ont plus rien à perdre », avertissent les membres du conseil d'administration de l'Apli. Les représentants sont désabusés, face à l'absence de réaction de la puissance publique.
A l'Apli comme à l'EMB (European Milk Board), on ne voit pas d'ouverture du côté de l'UE. « Le commissaire Phil Hogan s'en fiche carrément de la crise de l'élevage, proteste Erwin Schöpges, représentant belge de l'EMB, invité au conseil d'administration de l'Apli. Donc, est-ce encore un bon commissaire pour l'agriculture ? Junker doit prendre ses responsabilités et changer de commissaire. Mais aujourd'hui, l'UE fait une politique pour les multinationales. »
Face à l'indifférence des politiques européens, les syndicats et associations des différents pays membres de l'EMB (dont fait partie l'Apli) appelaient donc à des actions dans leurs pays le 12 novembre, afin d'interpeller les décideurs politiques nationaux avant le conseil agricole du 17 novembre. Devaient y participer l'Allemagne, le Danemark, les Pays-Bas, le Luxembourg et la France. « Si le Parlement européen ne nous écoute pas, nous devons mettre la pression sur les parlements nationaux. Nos décideurs politiques sont responsables, on essaie de les convaincre » qu'une régulation est nécessaire, souligne le président de l'Apli, Boris Gondouin. C'est un combat de longue haleine. »
L'Apli appelle, aux côtés de l'EMB, à des mesures structurelles, et réitère la proposition du syndicat européen d'un « programme de responsabilisation-régulation des marchés (PRM). Ce PRM est destiné à atténuer les déséquilibres du marché. Il consiste à calculer un indice de marché retraçant l'évolution des cours des produits, des prix du lait et des coûts de production (en fixant un coût de production autour de 320-340 €/1.000 l avant rémunération), puis de surveiller son évolution à partir d'une base 100 :
• indice supérieur à 100 points : les prix à la production couvrent les coûts de production, aucune intervention n'est nécessaire ;
• indice inférieur à 100 points : les coûts de productions ne sont plus couverts, il faut activer le PRM selon trois niveaux d'alerte :
- chute de 7,5 % : stockage privé autorisé ; mesures incitatives encourageant d'autres usages pour le lait (destiné aux veaux d'élevage, à l'engraissement de génisses...) ;
- chute de 15 % : la crise est constatée. Une prime est versée aux producteurs qui réduisent volontairement leur production d'au moins 5 % et un prélèvement est encaissé auprès des élevages en dépassement de référence ;
- chute de 25 % : réduction obligatoire des livraisons de 2-3 % pour tous, pendant une période définie.
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