Une centaine d'agriculteurs sont rassemblés depuis jeudi matin devant la préfecture du Calvados à Caen avec des remorques de déchets qu'ils menaçaient de déverser pour exiger une réunion avec les acteurs de la filière, qui se tiendra finalement à 18h00, a annoncé la préfecture dans un communiqué.
« Agriculteurs en déroute », peut-on lire sur une banderole accrochée à un tracteur. « On est environ 150, essentiellement des producteurs de viande bovine et de lait, mais d'autres gars vont nous rejoindre cet après-midi car cette nuit on s'est juste donné le mot en se déplaçant d'exploitations en exploitations pour arriver avant les CRS. Depuis, on a envoyé des SMS », a affirmé à l'AFP Sébastien Debieu, secrétaire général de la FDSEA du Calvados, sous une pluie battante. Ce mouvement ne concerne que ce département, a-t-il précisé. Le rassemblement se tenait dans le calme, même si des pétards retentissaient de temps à autre, a constaté une journaliste de l'AFP. Les agriculteurs ont commencé à arriver à la préfecture jeudi vers 05h00, avec 40 à 50 remorques de déchets, soit 250 à 350 tonnes selon la police, qu'ils menacent de déverser.
Une délégation d'agriculteurs devait être reçue à 14h30 à la préfecture dans le cadre d'une réunion qui était prévue depuis plusieurs semaines pour la mise en place d'une cellule de crise élevage, annoncée après le blocage routier organisé en juillet par les agriculteurs. Mais « on veut une autre réunion à la préfecture, avec les industriels (laiteries, abattoirs) autour de la table et que ces industriels apportent des preuves qu'ils remontent les prix » qu'ils payent au producteur, a ajouté M. Debieu en milieu de matinée.
« On va être là pendant quatre jours »
A la mi-journée, la préfecture a annoncé la tenue d'une seconde réunion, à 18h00, en présence d'industriels, « des abattoirs et des laiteries », ont indiqué les services de l'État à l'AFP, sans plus de précision. Dans la matinée, M. Debieu avait annoncé que « les industriels ont quatre jours pour venir puisque nous, on va être là pendant quatre jours. Vu les conditions climatiques, on est sûrs de ne pas travailler avant lundi prochain dans nos champs ».
« Maintenant, le plus vite sera le mieux car les gars, on les tiendra difficilement quatre jours à rien faire. Ils vont avoir envie de vider leurs bennes et d'aller les recharger. Et plus ça durera, plus il y a aura de monde », avait affirmé M. Debieu, producteur de lait et de viande près de Caen.
Cette mobilisation normande intervient alors que, lundi, l'absence des deux principaux acheteurs au Marché du porc breton (MPB), qui donne un prix de référence sur le plan national, a obligé à reporter la cotation de cette viande et que l'incertitude pesait sur la tenue de la cotation de jeudi matin, une tension qui a relancé la crise qui secoue le milieu agricole depuis plusieurs mois.
La Cooperl et Bigard/Socopa refusent d'acheter le porc au MPB au prix de 1,40 euro le kilo, prix minimum réclamé par les éleveurs et préconisé en juin par le gouvernement, mais bien trop cher par rapport à la concurrence européenne, selon les industriels.
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