La Commission européenne fait la sourde oreille. Malgré les demandes des agriculteurs, de quelques Etats membres et des opérateurs du marché, elle juge inutile de relever le prix d'intervention. Une position « idéologique » dénoncée par la France et une poignée de pays comme la Belgique, l'Italie, l'Espagne et le Portugal.
Seule annonce : 500 millions d'euros d'aides directes et de mesures de stockage, plus quelques pistes à moyen terme sur la chaîne alimentaire et la promotion des produits européens vers les pays tiers. Les ministres européens de l'Agriculture, réunis lundi à Bruxelles, ont découvert les propositions de la Commission à 15 heures au début du conseil, et en même temps que la presse ! Ils ont eu 30 minutes pour les analyser et réagir.
Pour l'instant, les mesures ne sont pas détaillées. Certains ministres, comme le Luxembourgeois dont le pays préside actuellement l'UE, sont prêts à y passer la nuit pour avoir des réponses. De son côté, la Commission veut faire un simple tour de table avant de donner des précisions au projet conseil informel le 19 septembre.
D'où viennent les 500 millions d'euros ? Où iront-ils ?
Première question en suspens : d'où viennent les 500 millions d'euros ? Pas question pour la France de les prendre sur le budget de crise, abondé par un prélèvement sur les aides directes ! « Dans le contexte actuel, même 1 ou 2 % de prélèvement serait un très mauvais signal », indiquait un proche du dossier en marge du conseil. Elle propose plutôt de prendre sur les surprélèvements payés par certains Etats membres pour dépassement de quotas laitiers. Ou d'autres taxes, comme celles payées par la France pour apurement de ses comptes.
Deuxième incertitude, où iront ces 500 millions d'euros. La Commission précise qu'ils bénéficieront aux 27 Etats membres, selon l'impact de la crise, la taille du cheptel et les prix des productions. Et elle suggère de donner la priorité aux éleveurs laitiers qui, selon elle, sont les plus impactés par la crise.
Dans ce cadre, le secteur laitier se voit aussi proposer un renforcement du stockage privé (fromage et poudre) – sans plus de précision. Nouveau : le porc est aussi concerné, ce qui n'était pas le cas jusqu'à la semaine dernière. Rien pour l'instant pour la viande bovine.
Pour la France, « il n'y a qu'une seule vraie réponse : la régulation des marchés. Et de faire le calcul : relever le prix d'intervention en lait à 26 centimes (au lieu de 22 centimes actuellement), sachant que le coût d'intervention moyen européen est de 27,5 centimes sur les six derniers mois, ne coûterait que 10 millions d'euros. Mais pour l'instant, la Commission européenne ne bouge pas, soutenue par une majorité d'Etats membres. Pas un mot non plus concernant l'embargo Russe, pourtant une demande forte des manifestants aujourd'hui.
A télécharger (en anglais) :
- Le discours de Jyrki Katainen, vice-président de la Commission chargé de l'Investissement, qui présentait les mesures en lieu et place de son confrère chargé de l'agriculture, souffrant
- L'analyse des marchés de la Commission européenne
Titre
mardi 08 septembre 2015 - 13h08
C'est un plan de licenciement collectif de l'agriculture. Un jour il n'y aura plus assez d'agriculteurs pôur nourrir tout le monde.