Les agriculteurs allemands vont essayer de faire pression sur le futur gouvernement afin que les travailleurs saisonniers n'entrent pas dans le champ du salaire minimum prévu pour entrer en vigueur en 2015, a déclaré mercredi le président de leur fédération.
« En ce qui concerne les travailleurs saisonniers, il faudra encore en parler », a dit lors d'une conférence de presse Joachim Rukwied, président de la puissante fédération des agriculteurs DBV.
« La plupart d'entre eux n'ont pas leur résidence principale en Allemagne et sont là pour deux ou trois mois », a-t-il ajouté, ce qui justifierait selon lui que le salaire minimal ne s'applique pas à eux.
Conservateurs et sociaux-démocrates allemands, qui ont décidé de gouverner ensemble les quatre prochaines années, ont annoncé la semaine dernière s'être mis d'accord pour introduire à partir du 1er janvier 2015, et au plus tard au début de 2017, un salaire minimum généralisé de 8,50 euros de l'heure, dispositif qui n'existe pour le moment pas en Allemagne.
Le contrat de coalition conclu entre les partis ne se prononce pas sur le sort des travailleurs saisonniers, se contentant de préciser que la loi établissant le salaire minimal sera formulée au terme d'un « dialogue entre employeurs et salariés de tous les secteurs » afin de « prendre en compte les problèmes potentiels, par exemple en ce qui concerne le travail saisonnier ».
L'agriculture allemande a employé en 2011, dernière année pour laquelle les chiffres sont disponibles, 320.000 saisonniers, dont 135.000 Polonais et 140.000 Roumains, selon les chiffres de la fédération. Les saisonniers représentent quelque 30 % de la main-d'œuvre totale du secteur (1,1 million de personnes), et sont employés notamment pour la récolte des asperges, des fraises, des pommes, ou encore les vendanges.
Pour la première fois cette année, les partenaires sociaux allemands s'étaient mis d'accord pour leur verser un salaire plancher valable pour tous, de 7 euros de l'heure à l'Ouest. Un plancher du même ordre doit aussi s'appliquer dans l'ex-RDA à partir de l'an prochain.
Les syndicats agricoles français avaient salué l'annonce de l'introduction d'un salaire minimal en Allemagne, estimant que la mesure était à même de corriger les distorsions de concurrence dont les producteurs français s'estiment victimes par rapport à leurs voisins allemands.
En France le Smic s'applique à tous les salariés, y compris aux saisonniers.